Visite d’Erdogan dans le nord de Chypre: Nicosie dénonce une « provocation »

Le président chypriote Nicos Anastasiades a qualifié samedi de « provocation » la visite prévue dimanche par son homologue turc Recep Tayyip Erdogan dans la cité fantôme de Varosha, l’un des symboles de la division de l’île méditerranéenne.

Cette ancienne station balnéaire située dans l’est de Chypre a été partiellement rouverte début octobre par les forces turques, déployées dans l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), qui contrôle le tiers nord de l’île.

La visite de M. Erdogan constitue « une provocation sans précédent », a déclaré M. Anastasiades dans un communiqué.

Le dirigeant turc « porte atteinte aux efforts du secrétaire général de l’ONU de convoquer une réunion informelle 5+ONU », a-t-il indiqué en référence à une rencontre entre Chypriotes turcs et grecs, la Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale.

De tels actes « ne contribueront pas à créer un climat favorable (…) pour reprendre les pourparlers sur le problème chypriote », a-t-il ajouté.

Chypre est divisée depuis l’invasion de son tiers nord par l’armée turque en 1974 après un coup d’Etat visant à rattacher le pays à la Grèce. La République de Chypre, seule reconnue internationalement et membre de l’Union européenne (UE), n’exerce son autorité que sur les deux tiers sud de l’île.

La RTCN est elle très dépendante politiquement et économiquement de la Turquie qui y déploie plus de 30.000 soldats.

La Grèce a, elle aussi, condamné cette visite, estimant qu’il s’agissait d’une « violation directe des résolutions 550 et 789 du Conseil de sécurité de l’ONU ».

« Nous comptons discuter (de cette question) en profondeur lors de la prochaine réunion en décembre du Conseil européen », a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

La visite de M. Erdogan, qui veut faire un « pique-nique » à Varosha, passe très mal au sein des Chypriotes grecs, dont une partie avait fui Varosha en 1974 lors de l’intervention turque, et qui n’a pas pu y retourner vivre.

Plusieurs centaines de personnes ont également manifesté mardi à Chypre-Nord pour dénoncer l' »ingérence » de la Turquie.

M. Erdogan avait soutenu en octobre Ersin Tatar, un protégé d’Ankara, à la « présidentielle » de la RTCN, face au dirigeant sortant Mustafa Akinci, en froid avec le président turc. Elu, M. Tatar a prôné, contrairement à son prédécesseur, une solution à deux Etats.

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