Les premiers cas de contamination entre humains ont fait leur apparition mardi hors de Chine, où le nouveau coronavirus a fait plus de 100 morts, tandis que Pékin appelait les Chinois à ne pas quitter leur pays.
Depuis le début de l’épidémie de pneumonie virale en décembre dans le centre de la Chine, aucun cas de contagion directe entre humains n’avait été enregistré en dehors de ce pays.
Mais le Japon et l’Allemagne ont pour la première fois signalé de tels cas mardi, tandis que plusieurs Etats préparaient l’évacuation de leurs ressortissants de la ville chinoise de Wuhan, le berceau du virus.
« Nous ne permettrons pas au démon de se cacher », a promis le président Xi Jinping, faisant allusion à l’épidémie, alors que le régime communiste avait été accusé d’avoir dissimulé l’apparition d’un précédent coronavirus, le Sras, en 2002.
Le Japon a fait état de l’apparition du nouveau coronavirus chez un sexagénaire nippon ne s’étant jamais rendu en Chine, mais ayant véhiculé des touristes en provenance de Wuhan.
Presque simultanément, les autorités sanitaires bavaroises annonçaient que le premier malade confirmé au coronavirus en Allemagne avait été contaminé par une autre personne sur le sol allemand même.
Une cinquantaine de malades ont été répertoriés dans une douzaine d’autres pays, de l’Asie et l’Australie à l’Europe et à l’Amérique du Nord.
En Chine même, le nombre des morts a bondi mardi à 106 et celui des cas confirmés dépasse les 4.500.
Soucieux d’endiguer l’épidémie, ce pays a recommandé à ses ressortissants de « reporter » leurs voyages « sans nécessité » à l’étranger, après avoir déjà suspendu les voyages en groupe.
A l’étranger, de nombreux pays ou territoires renforcent les mesures de précaution : Hong Kong a annoncé réduire de moitié les vols originaires de Chine continentale, tout en fermant six des 14 points de passage à sa frontière.
Wuhan et la quasi-totalité de la province du Hubei (centre) sont coupés du monde depuis jeudi par un cordon sanitaire qui concerne quelque 56 millions de personnes, dont des milliers d’étrangers.
Un avion envoyé par Paris atterrira jeudi à Wuhan, afin de ramener les premiers rapatriés français « probablement vendredi », a annoncé la ministre française de la Santé Agnès Buzyn. Les personnes rapatriées seront soumises à une quarantaine de 14 jours à leur retour.
Les Etats-Unis prévoient quant à eux d’évacuer dès mercredi matin, heure chinoise, le personnel de leur consulat à Wuhan et d’autres Américains. Egalement mercredi, Tokyo devrait évacuer environ 200 Japonais.
Hier, le roi Mohammed VI a présidé à Rabat une séance de travail consacrée à la situation des citoyens marocains se trouvant dans la province chinoise de Wuhan, mise en quarantaine par les autorités chinoises à cause du coronavirus.
Le souverain a donné ses hautes instructions pour le rapatriement de la centaine de ressortissants marocains, essentiellement des étudiants, se trouvant actuellement dans cette province.
Il a également ordonné que les mesures nécessaires soient prises au niveau des moyens de transport aérien, des aéroports appropriés et des infrastructures sanitaires d’accueil spécifiques.
Le roi a également appelé le chef du gouvernement et les différents responsables présents, chacun dans son domaine de compétence, d’assurer le suivi et la coordination adéquats.
Dans l’ensemble de la Chine, au moins 2.000 trains inter-provinciaux ont été annulés depuis vendredi, les liaisons ferroviaires concernées étant souvent suspendues jusqu’au 8 ou 9 février.
Et la panique montait dans les grandes métropoles chinoises, où les habitants restaient calfeutrés chez eux, désertant centres commerciaux, cinémas et restaurants.
« Etre exposé à un éternuement ou à la toux d’une personne contaminée reste « le principal mode de contagion », ont rappelé mardi devant la presse des experts chinois.
La crise fait craindre une fragilisation supplémentaire de l’économie chinoise, voire mondiale. Après le décrochage des marchés mondiaux lundi, les Bourses européennes tentaient timidement de se reprendre mardi.