Abdallah Zekri/Mila: face à la polémique, le CFCM publie une mise au point
La tempête autour des propos tenus par le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie du CFCM, Abdallah Zekri, sur l’« affaire Mila », du nom de cette jeune fille qui a reçu des menaces de mort après avoir posté une vidéo dans laquelle elle insulte l’islam et les musulmans, n’est pas prête de se calmer.
La secrétaire d’Etat à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, est montée à son tour au créneau, ce mardi matin, pour dénoncer les « propos criminels » d’un membre du CFCM. « Je trouve que ce sont des propos criminels, ce sont des propos coupables, et je me bats contre cette idée selon laquelle une femme, une jeune fille en l’occurrence mais qui que ce soit, qui serait victime de violence, de cyberharcèlement, ce serait parce que cette personne l’aurait cherché », a-t-elle déclaré sur France Inter, avant d’ajouter que ces mots sont « indignes d’un responsable, qui est un leader d’opinion et qui a une parole dans le débat public ».
Face à cette polémique et à la cacophonie, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a publié une mise au point qui reprend notamment sa réaction officielle déjà exprimée dans son communiqué du 23 janvier, et déplore son occultation totale par les médias.
« Le CFCM rappelle qu’il s’est officiellement exprimé, le 23 janvier, par la voix de son président Mohammed MOUSSAOUI pour réaffirmer que « Rien ne saurait justifier les menaces de mort à l’égard d’une personne quel que soit la gravité des propos qu’elle aurait tenus » », précise encore le président du CFCM, M. Mohammed Moussaoui, dans sa mise au point du 28 janvier
Pour M. Moussaoui, si ces propos relèvent de la provocation et de l’incitation à la haine, c’est à la justice et à la justice seule que revient leur qualification et le pouvoir de prononcer les mesures ou sanctions prévues par la loi dans ce type d’affaires.
« Il convient de rappeler que M. Abadllah Zekri, qui intervenait dans une émission de Radio Sud le 23 janvier 2020, a clairement condamné les menaces de mort dont l’adolescente a fait l’objet. Toutefois l’expression « Elle l’a cherché », utilisée par Abdallah Zekri et sortie de son contexte, pour pointer la responsabilité de la jeune fille face aux propos qu’elle a tenus, n’était pas appropriée », indique l’instance dans un communiqué.
Réaction officielle du CFCM occultée
Depuis, poursuit le communiqué du CFCM, « M. Zekri s’est expliqué sur cette expression et a réaffirmé qu’il parlait de la responsabilité de la jeune fille devant la justice qui a ouvert une enquête sur ses propos et, en aucun cas, il n’avait cautionné les menaces ou insultes visant la jeune fille. »
« Aussi accuser cet homme, lui-même régulièrement objet de menaces de mort et d’insultes, de verser dans l’extrémisme, est injuste et inacceptable », ajoute le CFCM.
« En occultant la position officielle du CFCM sur cette affaire, certains médias ont voulu entretenir la polémique au lieu de faire écho à la parole juste et responsable de l’instance représentative du culte musulman », déplore le CFCM dans sa mise au point.
La justice française a annoncé jeudi dernier l’ouverture de deux enquêtes.
L’une, ouverte pour provocation à la haine raciale, a pour but “de vérifier si les propos tenus sur la vidéo diffusée” par la jeune fille sont de nature à être poursuivis ou s’ils “s’inscrivent dans la liberté d’expression reconnue à chacun”.
L’autre, qui concerne les menaces de mort et le harcèlement de la lycéenne, vise à retrouver et poursuivre leurs auteurs anonymes sur les réseaux sociaux.
La religion musulmane est devenue un sujet de crispation . L’Exécutif français doit annoncer des mesures sur l’organisation de l’islam de France.