USA: une ex-agente américaine inculpée après avoir fait défection en Iran

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi l’inculpation d’une ancienne agente du renseignement militaire américain, soupçonnée d’avoir fourni des informations confidentielles au régime de Téhéran, notamment sur ses anciens collègues.

Monica Elfriede Witt, 39 ans, est accusée d’avoir fait défection en Iran en 2013 pour des raisons "idéologiques", ont annoncé plusieurs hauts responsables américains lors d’une conférence de presse à Washington.

Elle est soupçonnée "d’avoir révélé au régime iranien un programme de renseignement confidentiel et l’identité d’un agent du renseignement américain, mettant sa vie en danger", a détaillé John Demers, ministre adjoint de la Justice.

Un mandat d’arrêt international a été émis contre l’Américaine, qui est en fuite.

Quatre Iraniens ont également été inculpés pour avoir mené des attaques informatiques contre au moins huit anciens collègues de Mme Witt, en 2014 et en 2015.

Ils sont soupçonnés d’avoir tenté d’introduire un logiciel malveillant dans leurs ordinateurs, à l’aide d’un faux profil Facebook au nom de l’un d’entre eux, réalisé grâce à des informations privées données par Mme Witt.

Le ministère du Trésor a de son côté annoncé des sanctions contre la société iranienne New Horizon et ses responsables, accusés d’avoir organisé des conférences ayant servi de plateforme pour recruter Mme Witt.

Des sanctions ont également été prises contre une entreprise iranienne soupçonnée d’avoir participé aux cyberattaques.

"C’est un jour triste pour les Etats-unis quand un de leur ressortissant trahit le pays. C’est encore plus triste quand il s’agit d’un membre des forces armées", a déclaré M. Demers.

"A la maison"

Selon l’acte d’accusation, Monica Witt a travaillé de 1997 à 2008 pour l’armée de l’air, où elle a appris le farsi et a été déployée à plusieurs reprises au Proche-Orient, notamment comme agente du contre-espionnage. De 2008 à 2010, elle est restée consultante pour le ministère de la Défense.

En février 2012, elle s’était rendue en Iran pour une conférence intitulée "Hollywoodism" qui, selon ce document judiciaire, était sponsorisée par les Gardiens de la Révolution et diffusait un message anti-américain.

En mai de cette même année, des agents de la police fédérale américaine (FBI) l’avaient mise en garde contre les tentatives de l’Iran de la recruter et elle avait juré de ne jamais fournir d’informations à Téhéran.

Mais le mois suivant, elle avait travaillé avec un mystérieux "individu A", détenteur de passeports américain et iranien, venu faire un film de propagande anti-américaine aux Etats-Unis.

Et, en février 2013, elle était repartie en Iran pour une nouvelle conférence "Hollywoodism". L’été suivant, elle avait beaucoup correspondu avec l’"individu A", le remerciant notamment dans un email de lui "fournir l’opportunité" de mettre en usage sa formation militaire "à de bonnes fins plutôt qu’à de mauvaises".

Son interlocuteur lui ayant fait part des "suspicions" de l’Iran à son sujet, elle avait évoqué une possible défection en Russie. Mais le 28 août, elle lui écrivait être à bord d’un vol pour l’Iran: "Je m’en vais ! J’arrive à la maison !"

L’acte d’accusation ne divulgue pas l’identité de l’individu A.

Une journaliste américano-iranienne, Marzieh Hachemi, a été arrêtée le 13 janvier 2019 aux Etats-Unis et détenue pendant dix jours afin d’être entendue comme témoin dans un dossier pénal en cours devant un grand jury à Washington.

Or Monica Witt a été inculpée le 8 février par un grand jury de la capitale fédérale.

Née aux Etats-Unis sous le nom de Melanie Franklin avant sa conversion à l’islam et son mariage avec un Iranien, Mme Hachemi vit en Iran où elle est depuis 25 ans l’un des visages les plus connus de la chaîne anglophone Press TV. A son retour à Téhéran, elle a dénoncé ses conditions de détention, sans divulguer de détails sur l’affaire lui ayant valu d’être arrêtée.

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