Une marche du mouvement d’opposition « Mouatana » empêchée par la police algérienne à Constantine

Une marche de la coordination de l’opposition « Mouwatana », née en juin dernier en Algérie, a été empêchée, samedi à Constantine, par les services de sécurité qui ont procédé à l’arrestation ou l’interdiction de plusieurs de ses responsables de quitter l’hôtel qui les héberge.

Les membres de "Mouwatana" ont été surpris de voir leur hôtel cerné tôt le matin. Déjà dans la nuit, des hommes en civil sont entrés dans l’établissement hôtelier pour vérifier l’identité des animateurs du mouvement, qui avait annoncé une action de proximité dans la ville de Constantine et en avait informé les services de sécurité.

"Nous n’avons pas pu sortir à cause du grand nombre de membres des forces de l’ordre en tenue civile déployés devant la porte de l’hôtel", a déclaré l’avocat Salah Dabouz, membre de Mouwatana, créé dans l’optique de s’opposer à un cinquième mandat présidentiel.

L’avocat explique que l’action avait pour but de "sensibiliser les citoyens contre le cinquième mandat mais nous avons été surpris de trouver des camions de ramassage d’ordures dans les lieux où nous comptions organiser notre action, à tel point que des odeurs nauséabondes se dégageaient de ces lieux, en plus du déploiement d’un grand nombre d’agents des forces de l’ordre en tenue civil".

De son côté, Salah Dabouz, membre du mouvement, s’est insurgé dans un post sur facebook que "le pouvoir utilise -officiellement- les moyens sales pour faire face à l’activité des opposants aux pouvoir", déplorant que "Constantine -officiel- nous accueille avec des camions à ordures".

Selon les médias locaux, les autorités algériennes ne lésinent pas sur les moyens les plus retors pour empêcher l’opposition de s’exprimer : Outre les interdictions de rassemblements ou réunions, elles viennent d’innover en utilisant les camions-benne qui servent à ramasser les ordures.

Près du stade Abdelmalek Ramdane, près de la wilaya, d’où la marche devait s’ébranler, des policiers et des engins ont été déployés aussi, pour empêcher la foule de se constituer.

Dans des déclarations à la presse sur place, Zoubida Assoul, porte-parole de Mouwatana, a dénoncé ce qu’elle a qualifié d’"arrestation" à sa sortie du domicile familiale où elle avait passé la nuit, expliquant avoir été conduite par la police au commissariat du 5eme arrondissement pour s’expliquer sur son action mais aussi pour être informée que la marche n’a pas été autorisée.

La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH) avait récemment mis en garde les autorités algériennes contre "la gestion sécuritaire des libertés", au lendemain de la répression par la police d’une manifestation organisée par le mouvement "Mouwatana" à Alger.

Dans un communiqué, la LADDH "met en garde les autorités contre la gestion sécuritaire des libertés et la judiciarisation de la vie politique et de l’exercice pacifique des libertés, de toutes les libertés". L’ONG appelle les autorités à "lever toutes les contraintes et restrictions du droit de manifester et de s’exprimer notamment dans la capitale, car contraires à la Constitution et aux conventions internationales se rapportant aux droits politiques et civils".

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