Tunisie : adoption d’un projet de loi controversé autorisant le financement du budget par la Banque centrale
Adopté mardi à une majorité de voix de l’Assemblée des représentants du peuple, cet amendement autorise la BCT à prêter « à titre exceptionnel » à l’Etat 7 milliards de dinars (2 milliards d’euros), remboursables sans intérêts en dix ans après une période de grâce de trois ans.
Dans un premier temps, le gouvernement compte contracter un prêt de 3 milliards de dinars (885,27 millions d’euros), destiné à financer une partie du déficit budgétaire au titre de l’exercice 2024.
Dans sa réponse aux interventions des députés, la ministre tunisienne des Finances, a expliqué que les ressources propres de l’Etat ne sont pas en mesure de couvrir l’ensemble de ces dépenses, d’où l’obligation de recourir à la BCT pour couvrir ces besoins.
Si l’impact sur l’inflation qui frôle les 8% en Tunisie a été atténué par le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, l’incidence de ce prêt sur les réserves en devises est inévitable, dans la mesure où la BCT s’attend à une baisse des réserves en devises à 14 jours d’importation, outre le fait qu’il aura une incidence sur le taux de change.
La Tunisie prévoit, dans le cadre du budget 2024, la mobilisation de crédits à hauteur de 28,4 milliards de dinars, dont une enveloppe de l’ordre de 16,4 milliards de dinars devrait provenir d’emprunts extérieurs.
Les perspectives d’accéder à des nouveaux financements se sont assombries davantage après que le FMI ait inclus en janvier dernier la Tunisie sur sa « liste négative” pour la première fois depuis son adhésion à l’institution monétaire internationale en 1958. Cette liste regroupe les pays dont la conclusion des consultations a pris des retards dépassant 18 mois, en plus du délai normal de 15 mois, pour des raisons diverses.
Pour accélérer les négociations autour d’un nouvel accord avec la Tunisie, le FMI s’attend à un engagement ferme des autorités tunisiennes à mettre en œuvre un programme de réformes pour restructurer les entreprises publiques tunisiennes accablées par un lourd endettement et lever les subventions sur certains produits de base.