Dans le contexte des révolutions du monde arabe, la Coalition réaffirme que la lutte contre l’impunité est partie intégrante de celle pour le changement et la démocratie.
« Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Etat a mené une répression massive et aveugle contre la population, avec son lot d’arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires, tortures et disparitions forcées. 8000 personnes ont « disparu » après avoir été arrêtées par les forces armées de l’Etat. Aucune enquête n’a jamais été menée pour retrouver ces disparus, ni les personnes enlevées par les groupes armés islamistes », dénonce le Coalition dans une Déclaration.
Depuis le milieu des années 1990, les victimes de violations des droits de l’Homme et leurs familles s’insurgent, et revendiquent Vérité et Justice pour pouvoir se reconstruire. Elles assortissent leur lutte au combat pour l’émergence d’un Etat de droit, démocratique et respectueux des droits de l’Homme, ayant la volonté de faire la lumière sur les crimes qui pèsent encore lourdement sur la société algérienne et hypothèquent toute véritable réconciliation.
Selon cette Coalition d’association, depuis la fin des années 1990, différentes amnisties, promues par le président Bouteflika avec la bénédiction du Haut Commandement militaire, ont été adoptées : d’abord, la Concorde civile en faveur des membres des groupes armés islamistes ; ensuite, la Charte dite « Pour la paix et la réconciliation nationale » qui, tout en rééditant l’amnistie de ces groupes, assure, depuis son entrée en vigueur en 2006, l’immunité juridictionnelle des agents de l’Etat et menace d’une peine d’emprisonnement ceux qui critiquent cette « solution ».
« Avec cette Charte, qui prône l’oubli et consacre l’impunité tant des groupes armés islamistes que des agents de l’Etat, le régime espère solder le passif humain du conflit des années 1990 par des indemnisations financières et ignore la revendication de Vérité et de Justice des familles de disparus et de victimes du terrorisme », regrette-t-on, notant qu’ « En faisant table rase du conflit des années 1990, le régime interdit l’établissement des responsabilités individuelles dans les violations des droits de l’Homme, ainsi que tout débat public sur la responsabilité politique des uns et des autres dans le déclenchement du conflit et son déroulement ».
Pour ces association, le régime espère ainsi se perpétuer en toute quiétude, fort du ralliement de nombre de ses anciens ennemis armés, pendant que la société algérienne tente d’écrire son histoire dans le noir et se débat pour établir la Vérité.
« Aujourd’hui, des associations de victimes de terrorisme (Djazaïrouna, Somoud) et des associations de familles de disparus (Sos Disparus, CFDA), prenant conscience que leur cible commune n’est autre que l’impunité, sont parvenues à transcender les clivages des années 1990, caricaturaux et révolus, pour faire front commun contre le système imposé par la dictature pour annihiler tout espoir de changement », ajoute-t-on de même source.
La Coalition qu’elles ont créée appelle à se mobiliser pour faire tomber les lois scélérates sous la pression de la société, comme ce fut le cas en Argentine, où les familles de disparus et les victimes de la dictature ont été soutenues par la société civile et les forces vives du pays qui, faisant abstraction de tout autre clivage, ont refusé l’injustice ; grâce à cette mobilisation, les lois d’amnisties dans ce pays, dites « Point final », ont fini par être abrogées.
Pour la Coalition, « Les révolutions tunisienne et égyptienne montrent qu’une dictature ne résiste pas à la volonté d’un peuple uni et conscient de ses droits. Les procès des dictateurs de ces pays et de leurs soutiens témoignent de l’aspiration à la Vérité et à la Justice. Le refus d’impunité, exprimé implacablement par la société, est le pas inévitable de toute marche vers la démocratie ».
La Coalition d’associations de victimes des années a reçu de très nombreux soutiens de la part d’organismes de défense des droits de l’homme et de personnalités, tels le Collectif femmes du "printemps noir", le Congrès mondial Amazigh, la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), le Manifeste des libertés, Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), l’ASDHOM.