Sahel: le manque de coopération d’Alger freine la lutte anti-Aqmi

Sahel: le manque de coopération d
Le manque de coopération de l’Algérie constitue un frein à la mise en place d’actions conjointes d’armées du Sahel contre la branche maghrébine d’Al-Qaîda, ont estimé experts et responsables en marge d’une réunion des chefs militaires de quatre pays de la région à Bamako.

A l’ouverture lundi dans la capitale malienne d’une réunion des chefs d’état-major du Mali, d’Algérie, de Mauritanie et du Niger, le général Gabriel Poudiougou, chef de l’armée malienne, a insisté sur la nécessité de mener des actions communes contre Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi).

"Force est de reconnaître que face à un ennemi transnational, bien organisé et disposant de moyens financiers et matériels énormes, il nous faudrait développer davantage nos capacités à mener des opérations conjointes multinationales", a-t-il dit.

Selon lui, le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), qui réunit les chefs des armées des 4 pays les plus touchés par les activités d’Aqmi, est "un outil dont nous devons tirer tout le potentiel, surtout que nous avons noté ces derniers temps une dangereuse connexion entre des terroristes et certaines sectes extrémistes", référence à la secte islamiste du Nigeria Boko Haram.

Le Cemoc, basé à Tamanrasset (sud de l’Algérie) et disposant d’un centre de renseignement à Alger, a été créé en avril 2010 pour mieux coordonner la lutte contre Aqmi: il se réunit tous les six mois, mais n’a jamais à ce jour mené d’opérations conjointes transfrontalières.

Sous couvert de l’anonymat, plusieurs délégués à la réunion de Bamako interrogés par l’AFP, en ont fait porter la responsabilité sur l’Algérie.

Un délégué nigérien a noté que "l’armée algérienne, à elle seule, a plus de moyens que les armées nigérienne, malienne, et mauritanienne" réunies, ajoutant: "Je ne comprends pas pourquoi elle ne va pas sur le terrain pour nous aider à lutter contre Aqmi".

"Le Sahel est devenu un no man’s land"

Un diplomate, également du Niger, a observé que "le budget de l’armée algérienne est six fois supérieur au budget national d’un pays comme la Mauritanie. La balle est dans le camp de l’Algérie".

"En attendant qu’elle se décide à véritablement prendre la tête de la coalition anti-Aqmi, nos Etats continueront à développer leurs relations sécuritaires, d’un côté avec l’Algérie, de l’autre avec d’autres pays, également incontournables, comme le Maroc et la France", dit-il.
Un fonctionnaire malien du ministère de l’Intérieur déclare: "que l’Algérie décide de nous donner des armes pour lutter contre Aqmi, c’est bien, mais tant qu’elle ne voudra pas aller sur le terrain et voir d’autres pays africains à nos côtés, Aqmi gagnera du terrain, et il faut voir à qui profite la situation".

"Faute de moyens, le Sahel est devenu aujourd’hui un no man’s land", ajoute-t-il et, face aux "proches" de Mouammar Kadhafi, l’ex-dirigeant libyen, "qui font des va et vient entre leur pays et le Sahel, les armes qui circulent, l’Algérie n’a pas besoin de notre feu vert pour intervenir, elle doit le faire tout de suite, surtout que les islamistes viennent d’Algérie".

Héritière du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien, Aqmi opère dans la bande soudano-sahélienne, vaste zone de plusieurs pays dont le Mali, le Niger et la Mauritanie, où elle a multiplié, depuis ses bases du nord malien, attentats, enlèvements d’Occidentaux dont plusieurs ont été exécutés, trafics divers, y compris la drogue.

Face à ces critiques, un officier algérien présent à Bamako a affirmé que la Constitution de son pays est très claire: "Nous n’avons pas à intervenir militairement sur un autre territoire, en tout cas, ce n’est pas facile".

Le retour au Mali et au Niger de milliers de combattants ayant servi l’ex-régime libyen de Mouammar Kadhafi – en grande partie touareg – fortement armés, y compris d’armes lourdes, n’a fait que renforcer l’insécurité déjà grande dans cette région difficile à surveiller et à contrôler.

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