Rencontre Hollande-Poutine cruciale à Moscou
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré samedi son homologue français François Hollande, premier dirigeant occidental à se rendre à Moscou depuis le début de la crise ukrainienne, alors que Kiev a annoncé de nouvelles négociations de paix sur l’Ukraine.
"La France et la Russie sont pour une fin immédiate du bain de sang" dans l’est séparatiste de l’Ukraine, a lancé Vladimir Poutine au terme de deux heures d’entretien avec le président français saluant un "échange très constructif".
"Aujourd’hui, je voulais avec le président Poutine envoyer un message qui est celui de la désescalade et aujourd’hui elle est possible", a déclaré pour sa part M. Hollande qui avait déjà appelé à la "désescalade" vendredi lors de sa visite officielle au Kazakhstan.
Le chef de l’Etat russe, accusé par les Occidentaux et par Kiev de soutenir militairement les rebelles prorusses, a dit espérer "une amélioration dans un avenir proche" de la situation dans l’est ukrainien. Son homologue français a lui exigé "non pas simplement des avancées, mais des résultats".
François Hollande, qui avait pris vendredi soir l’initiative de venir à Moscou, a répété son opposition à une confrontation entre Russes et Occidentaux.
"Nous devons éviter qu’il y ait d’autres murs qui viennent (nous) séparer", a martelé le président, vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, symbole pendant deux décennies de la division de l’Europe.
C’est la première fois depuis le début de la crise ukrainienne que se rend à Moscou un dirigeant occidental, dont le pays prend part aux sanctions décrétées contre Moscou, accusée par les Occidentaux, dont la France, de soutenir les rebelles séparatistes dans l’est de l’Ukraine.
– Négociations mardi sur l’Ukraine –
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Avant d’arriver à Moscou, François Hollande s’était entretenu avec le président ukrainien Petro Porochenko et avec la chancelière allemande Angela Merkel.
En visite dans la région ukrainienne de Kharkiv, Petro Porochenko a annoncé un "accord de principe" pour des négociations de paix sur l’Ukraine mardi à Minsk. La précédente réunion dans la capitale bélarusse début septembre s’était déroulée avec la participation de dirigeants rebelles, de représentants russes et de responsables de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Elle avait abouti le 5 septembre aux "accord de Minsk" qui prévoyaient notamment un cessez-le-feu. Cette trêve a été de moins en moins respecté jusqu’à devenir inexistante.
Alors que d’habitude Moscou rejette la responsabilité des violations de cessez-le-feu sur les seules autorités de Kiev, Vladimir Poutine a concédé samedi que les rebelles prorusses avaient aussi leur part de responsabilité.
"Nous constatons que les deux côtés, les autorités de Kiev et aussi Donetsk et Lougansk ne respectent pas totalement" les accords de Minsk, a-t-il dit.
Mardi, en parallèle des négociations à Minsk, un cessez-le-feu doit être entériné par les séparatistes et Kiev qui ont annoncé jeudi à la surprise générale un accord sur l’arrêt total des tirs dans l’Est.
Mais cette annonce, qui n’est pas la première, est à prendre avec prudence et s’est accompagnée d’un regain d’intensité des combats qui ont fait au cours des dernières 48 heures six morts et 20 blessés parmi les soldats ukrainiens selon les autorités militaires ukrainiennes.
A Donetsk, épicentre des combats, le calme régnait samedi matin, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Au total, 1.252 soldats ukrainiens ont été tués et presque 3.000 ont été blessés, a indiqué le président ukrainien samedi.
– Problème épineux du Mistral –
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La crise diplomatique entre les Occidentaux et la Russie se double, pour la France, d’un autre problème épineux: le refus de François Hollande de livrer les navires de guerre Mistral vendus à la Russie tant que la situation n’évoluera pas en Ukraine.
Ce sujet n’a pas été évoqué lors de la rencontre entre MM. Poutine et Hollande. "Il y a un contrat, nous partons du principe qu’il sera respecté, sinon nous espérons qu’on nous rendra l’argent que nous avons payé", a déclaré le président russe à l’issue de leur entrevue.
François Hollande avait ainsi annoncé le 25 novembre le report "jusqu’à nouvel ordre" de la livraison du premier Mistral, considérant "que la situation actuelle dans l’est de l’Ukraine" ne permettait toujours pas cette livraison.