Présidentielle: le duel télévisé, rituel de la vie politique française depuis 1974

Le débat télévisé, à l’image de celui qui oppose mercredi soir Emmanuel Macron à Marine Le Pen, constitue depuis 1974 un moment fort des campagnes présidentielles en France, souvent révélé crucial pour l’issue du scrutin.

– 10 mai 1974: Ce premier débat télévisé oppose Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances, au candidat de la gauche François Mitterrand. Un échange est resté célèbre. A Mitterrand qui affirme, à propos de la répartition de la croissance, "c’est une affaire de coeur et non pas seulement d’intelligence", VGE réplique: "Vous n’avez pas le monopole du coeur." Il remportera l’élection de justesse, avec 50,81% des voix.

– 5 mai 1981: Face au président Giscard d’Estaing, François Mitterrand, très à l’aise, prend sa revanche. A celui qui le présente comme "l’homme du passé", le socialiste lance: "Vous êtes l’homme du passif." VGE demande à son rival de donner le cours du deutschemark. "Je ne suis pas votre élève. Ici, vous n’êtes pas président de la République, mais mon contradicteur", lui rétorque Mitterrand, qui sera victorieux le 10 mai.

– 28 avril 1988: Le président Mitterrand attaque durement le Premier ministre de droite Jacques Chirac, avec lequel il "cohabite" depuis le changement de majorité parlementaire en 1986. Lorsque M. Chirac lui dit: "Ce soir, vous n’êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité (…), vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand", il s’entend répondre, sur un ton cinglant: "Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre." Le président socialiste sera réélu pour 7 ans.

– 2 mai 1995: Jacques Chirac et le candidat socialiste Lionel Jospin s’affrontent sur le bilan des deux présidences mitterrandiennes. Le duel est courtois, Jospin qui défend le quinquennat déclare: "Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Chirac." Jacques Chirac l’emportera.

– Avril 2002: Le président Chirac refuse de débattre avec Jean-Marie Le Pen, qualifié surprise du second tour, pour ne pas cautionner "la banalisation de la haine et de l’intolérance". Le Pen dénonce une "piteuse dérobade". Il sera battu avec moins de 18% des voix.

– 2 mai 2007: La socialiste Ségolène Royal se montre combative face au candidat de la droite Nicolas Sarkozy. Sur un terrain innattendu, elle l’accuse d’avoir atteint "le summum de l’immoralité politique", en parlant du sort des enfants handicapés alors que le gouvernement de droite a supprimé des emplois à l’école permettant leur accueil. Son adversaire l’accuse de "perdre ses nerfs": "Pour être président, il faut être calme", lance-t-il. "Je n’ai pas perdu mes nerfs, je suis en colère et il y a des colères très saines, très utiles", réplique-t-elle. C’est Nicolas Sarkozy qui sera élu.

– 2 mai 2012: Entre le président Sarkozy et le socialiste François Hollande le débat est virulent. Ce dernier frappe les esprits en utilisant une technique d’éloquence basée sur la répétition, l’anaphore, pour répondre à la question "quel président comptez-vous être?" Quinze fois de suite, il assène à son adversaire coi, des "Moi, président…" pour détailler la ligne, notamment déontologique, qu’il se fixe en cas de victoire. Et remporte l’élection.

afp

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