« Offensive généralisée » de l’armée près de Damas, fissures dans l’opposition

La banlieue de Damas a connu mercredi les bombardements les plus violents depuis des mois, l’armée y menant "une offensive généralisée" contre les rebelles au moment où l’opposition était divisée sur une offre de dialogue avec Damas lancée par son propre chef.

A Palmyre, 19 membres de services des renseignements ont péri lors d’une double attaque suicide à la voiture piégée contre deux sièges de ces services, selon une ONG syrienne.

Les attentats suicide se sont multipliés en Syrie à mesure que la révolte entamée mi-mars 2011 se militarisait, pour la plupart revendiqués par le Front jihadiste Al-Nosra, considéré par Washington comme "organisation terroriste" et dont l’influence ne cesse de croître sur le terrain.

L’armée, qui tente depuis plusieurs mois d’en finir avec la rébellion, a, selon une source de la sécurité dans la capitale, "lancé une offensive totale et coordonnée sur toute la banlieue de Damas". "Toutes les entrées de Damas sont fermées", a-t-elle indiqué à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

"La province est bombardée très violemment, c’est sans précédent depuis des mois. Il y a des combats très violents aussi", a affirmé de son cô té à l’AFP Rami Abdel Rahmane, président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Des habitants de la capitale ont rapporté avoir entendu des "bombardements d’une intensité inhabituelle", au moment où de "violents combats" entre rebelles et soldats éclataient dans des quartiers périphériques comme Qadam (sud), Jobar et Qaboune (est), places fortes de la rébellion.

Dans un communiqué, le Conseil national syrien (CNS, principale composante de l’opposition) affirme que le régime tombera par les armes et non par la négociation, comme le propose Ahmed Moaz al-Khatib, le chef de la Coalition dont il fait partie.

"Les révolutionnaires et les héros de l’Armée syrienne libre (ASL) sont en train de mener des attaques sur les positions stratégiques dans notre capitale éternelle (…) et dans d’autres régions. Ils sont en train de réaliser des victoires importantes sur le chemin de la révolution syrienne", dit le communiqué.

L’appel au dialogue divise

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Parallèlement au cycle interminable de violences qui a encore fait mercredi 122 morts dont 32 civils, selon un bilan provisoire de l’OSDH, des fissures sont apparues au sein de l’opposition, après l’offre de dialogue avec le régime lancée par M. Khatib.

L’ouverture du chef de la Coalition de l’opposition a été soutenue par Washington et la Ligue arabe, mais surtout par les deux principaux alliés de Damas, la Russie et l’Iran. Le médiateur international Lakhdar Brahimi l’a jugée "positive".

Mais le CNS a opposé une fin de non-recevoir à cette proposition, refusant que la "révolution" syrienne devienne "otage de compromis internationaux".

Le CNS s’est également indigné des contacts inédits entre M. Khatib et le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, affirmant "refuse(r) cette démarche, tant que l’Iran soutient le régime".

M. Khatib avait anticipé les critiques, refusant "que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison".

Il a aussi exigé mercredi que soient "relâchées les prisonnières avant dimanche prochain. Si, ce jour-là des informations crédibles révèlent qu’il y a encore une seule femme en prison en Syrie, je considère que le régime a refusé mon initiative", a-t-il prévenu dans un entretien au service arabe de la BBC.

Le pouvoir à Damas n’a toujours pas réagi publiquement à l’offre, même si un quotidien proche du régime l’a jugée "insuffisante" et appelé M. Khatib indirectement à désavouer la rébellion armée.

Les critiques jettent le trouble au sein de la Coalition, née tout juste en novembre au forceps après plusieurs tentatives vaines d’unir des groupes d’opposants hétéroclites.

A l’ouverture mercredi au Caire du 12e sommet islamique, le président égyptien Mohamed Morsi a d’ailleurs appelé les factions de l’opposition syrienne à unifier leurs rangs "pour instaurer la démocratie" en Syrie, où selon l’ONU, plus de 60.000 personnes ont péri en près de deux ans.

De son cô té, la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a indiqué que l’opposition envisageait d’avoir une représentation permanente à Washington et à New York sans pour autant se substituer au réseau diplomatique officiel, une initiative soutenue par les Etats-Unis.

"Nous sommes en pourparlers avec la Coalition nationale (de l’opposition) syrienne pour l’ouverture d’un bureau à Washington", a affirmé Mme Nuland. "Nous soutenons également l’ouverture d’un bureau à New York", a-t-elle ajouté.

Elle a également confirmé que la Coalition avait nommé l’Américano-syrien Najib Ghadbian, un professeur de sciences politiques à l’université de l’Arkansas (sud), comme son représentant aux Etats-Unis.

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