Couronné du prix Al Qods pour la culture et la création, l’écrivain Berrada a indiqué, dans une allocution lue en son nom, lors d’une cérémonie de remise de cette distinction jeudi à Ramallah, que les liens historiques entre le Maroc et la Palestine sont anciens et tangibles, et remontent à cette époque où les marocains ont effectué le pèlerinage à Al Qods pour y séjourner et poursuivre leurs études dans des instituts, et notamment après la Nakba et l’expulsion des palestiniens.
"Mon parcours et ce que j’ai vécu sont là pour que j’affirme que c’est la culture palestinienne actuelle, à travers ses différentes expressions à l’intérieur et à l’exil et par son courage et ses aspirations, qui a consolidé les liens de fraternité entre le Maroc et la Palestine, outre l’effet qu’ont exercé des noms comme ceux de Fadwa Toukane, Imil Habibi, Mahmoud Darwich, Samih Kacim, Sahr Khalifa, Ahmed Dahbour, Liyanat Badr, Yahya Yakhlef et beaucoup d’autres qui ont visité le Maroc, ont rencontré ses lecteurs et étudiants, en entrant en contact avec le courant de renouvellement de la culture marocaine, a-t-il ajouté.
Berrada a ajouté que ce prix qui lui a été attribué est avant tout une manière de souligner le rôle de la culture palestinienne et arabe dans la lutte contre l’occupation et les exactions quotidiennes depuis la Nakba de 1948, indiquant que les plans des gouvernements israéliens visent à judaïser le peuple palestinien et effacer la culture arabe de la mémoire des générations montantes palestiniennes. Mais le hic, la culture dans son acception profonde est parvenue à faire échouer les visées sionistes amenant la résistance à renouveler son combat", a-t-il fait remarquer.
Et d’ajouter: "faire porter au prix de la culture palestinienne et arabe le nom Al Qods, ville des symboles ancestraux et de la spiritualité de la paix permet de mettre en exergue l’ouverture de la culture et de la création arabe sur la profondeur de l’histoire et par là même de questionner la modernité".
Selon l’Union des écrivains du Maroc (UEM), "Berrada n’a pu effectuer son voyage en Palestine en raison de complications des autorités israéliennes et leur refus de lui délivrer une autorisation administrative (visa) pour entrer dans les territoires occupés palestiniens et recevoir le prix que supervise la présidence palestinienne et dont la cérémonie a coïncidé avec les festivités de célébration d’Al Qods capitale de la culture arabe".
Lors de la cérémonie de remise du prix, le chef du gouvernement de l’Autorité palestinienne M. Rami Hamdallah a souligné que cet événement revêt une importance dans la mesure où il montre que la culture et la création sur les plans local, national, arabe et humain, se situent au cœur d’Al Qods tout au long de l’histoire.
Les lauréats de ce prix représentent un pont et une épopée créative, littéraire et intellectuelle qui puise ses racines dans les symboles d’Al Qods, ville de la cohabitation entre les trois religions monothéistes, et témoignent que la pensée, la culture et la création poursuivent toujours le chemin de l’identité palestinienne en général et d’Al Qods en particulier.
De son côté, Ibrahim Abou Hachhach (membre du jury du prix) a présenté Berrada en le qualifiant de "créateur qui a su suivre un projet innovant dans les domaines, la critique, la recherche, le roman et la traduction, à travers vingt ouvrages".
"Berrada, est un révolutionnaire qui croit aux valeurs de justice et de socialisme, a une fibre patriotique forte, et tout en étant un citoyen marocain, il n’a cessé d’appartenir à sa communauté arabe", a-t-il renchéri.
La commission du prix a annoncé qu’une cérémonie spéciale se tiendra ultérieurement pour remettre au romancier Berrada son prix.