Michel Aoun devient président du Liban et veut le protéger de la guerre en Syrie
L’ex-général chrétien Michel Aoun est devenu lundi le nouveau président libanais, mettant fin à un vide institutionnel de deux ans et demi causé par de profondes divisions liées notamment à la guerre en Syrie.
"Le Liban est épargné jusqu’à présent par les incendies qui consument la région, et notre priorité est d’empêcher qu’une étincelle atteigne (le Liban). Il est donc nécessaire d’éloigner le Liban des conflits régionaux", a-t-il déclaré.
Il a ainsi affiché son désir de se distancier de la guerre en Syrie alors que son principal allié, le mouvement chiite du Hezbollah, combat depuis trois ans dans le pays voisin aux côtés des forces du régime de Bachar al-Assad.
Michel Aoun a été élu au second tour par 83 voix sur les 127 députés présents, une victoire qui est le fruit d’un laborieux compromis entre les principales factions politiques, habituellement promptes à s’affronter sur tous les dossiers.
Son élection met fin à 29 mois de vide institutionnel, car le Liban était sans président depuis la fin du mandat, en mai 2014, de Michel Sleimane.
Outre le Hezbollah, il a été élu grâce à l’appui de deux de ses adversaires politiques: le chef chrétien maronite des Forces libanaises (FL) Samir Geagea et l’ancien Premier ministre musulman sunnite Saad Hariri. Tous deux sont hostiles au Hezbollah et au président Assad.
Au Liban, les trois principaux postes de l’État sont dévolus aux trois plus importantes communautés religieuses: la présidence de la République à un chrétien maronite, celle du Parlement à un musulman chiite et le poste de Premier ministre à un musulman sunnite.
M. Aoun, qui devient le troisième général à accéder à la présidence, rejoint pour six ans non-renouvelable le palais présidentiel de Baabda, d’où il avait été chassé il y a 26 ans par l’armée syrienne.
En 1988, le président Amine Gemayel, quittant le pouvoir sans successeur, l’avait en effet nommé à la tête d’un gouvernement militaire et installé au palais présidentiel. Il y était resté deux ans.
"Je jure devant Dieu, que je respecterai la Constitution et ses lois et que je préserverai l’indépendance de la nation libanaise et l’intégrité territoriale", a-t-il affirmé devant les députés.
Dans son discours, il s’est inquiété de la présence de plus d’un million de réfugiés syriens au Liban. "Nous devons nous assurer du retour rapide dans leur pays des déplacés syriens et oeuvrer pour que les camps de déplacés ne se transforment pas en zones hors de contrôle".
Dans le contexte de blocage des institutions, M. Aoun a souligné la nécessité d’entreprendre des réformes économiques drastiques.
Les autorités, minées par la corruption, s’avèrent incapables d’offrir les services de base comme le ramassage des ordures, la distribution électrique et de l’eau potable.
(Avec AFP)