Le Roi Mohammed VI : Les trois religions abrahamiques existent pour s’ouvrir et se connaître afin de lutter contre le radicalisme à travers l’éducation
Dans un discours prononcé samedi sur l’esplanade de la Mosquée Hassan en quatre langues (espagnol, arabe, français et anglais) , à l’occasion de la visite officielle de Sa sainteté le pape François au Maroc, le souverain a mis l’accent sur l’importance de l’éducation, l’unique voie pour faire face aux radicalismes, qui reposent sur "la non-connaissance de l’autre, l’ignorance de l’autre, l’ignorance tout court".
"Pour faire face aux radicalismes, la réponse n’est ni militaire ni budgétaire ; elle a un seul nom : Education", a insisté le Roi qui a indiqué, à cet égard, que "le dialogue entre les religions abrahamiques est manifestement insuffisant dans la réalité d’aujourd’hui".
"Mon plaidoyer pour l’éducation est un réquisitoire contre l’ignorance : ce sont les conceptions binaires et la méconnaissance qui menacent nos civilisations. Jamais la religion", a dit le souverain.
Le Roi, en tant que Commandeur des Croyants, a plaidé pour que soit redonnée à la religion la place qui est la sienne, au sein de l’éducation, ajoutant que "ce que tous les terroristes ont en commun n’est pas la religion, c’est précisément l’ignorance de la religion".
Après avoir souligné que la religion est Lumière, Savoir, Sagesse et synonyme de Paix, le souverain a relevé qu’ "il est temps que la religion ne soit plus un alibi pour ces ignorants, pour cette ignorance, pour cette intolérance".
Ainsi, a relevé le souverain, la visite de Sa Sainteté au Maroc intervient dans un contexte de défis pour la Communauté des Nations, la communauté de tous les Croyants, appelant à combattre des "maux d’un autre âge qui se nourrissent de la trahison et de l’instrumentalisation du Message divin en prônant le déni de l’Autre et autres théories scélérates".
Dans ce monde en quête de repères, le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de clamer, d’enseigner et de vivre au quotidien la Fraternité des fils d’Abraham – pilier fondateur de la très riche diversité de la civilisation marocaine, a fait observer le Commandeur des Croyants, ajoutant que l’union de tous les Marocains, par-delà les confessions, en est un "exemple éloquent".
Cette symbiose, qui est la réalité du Royaume, se matérialise par des mosquées, des églises et des synagogues qui, depuis toujours, se côtoient dans les villes du Royaume, a poursuivi le Souverain.
"Nous, Roi du Maroc, Amir Al Mouminin (Commandeur des Croyants), Nous Nous portons Garant du libre exercice des cultes. Nous sommes le Commandeur de tous les croyants", a dit le Roi.
En plus, a ajouté le Roi: "en tant que Commandeur des Croyants, Je ne peux parler de Terre d’Islam, comme si n’y vivaient que des musulmans. Je veille, effectivement, au libre exercice des religions du Livre et Je le garantis. Je protège les juifs marocains et les chrétiens d’autres pays qui vivent au Maroc".
Dans ce sillage, le souverain a rappelé la création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas et de l’Institut Mohammed VI pour la formation des Imams, des Mourchidines et Mourchidates, qui accueille des jeunes de plusieurs pays africains et européens.
"Parce que Dieu est amour, Nous avons essayé de faire de Notre règne un témoignage de proximité, au chevet des plus pauvres et des plus vulnérables", a dit le Roi, rappelant, à cet égard, le lancement il y a 14 ans de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) afin d’améliorer la vie des personnes en situation de précarité ou de fragilité, d’intégrer les exclus, de procurer un toit aux sans-abri et de donner, à tous ces déshérités, foi en un avenir digne.
C’est dans cet esprit que s’inscrit également la philosophie de la politique d’immigration et d’asile mis en place par le Maroc qui se veut, avant tout, une politique "solidaire", a affirmé le Souverain.
Le Roi, Amir Al Mouminine, a, en outre, souligné que Sa rencontre avec Sa Sainteté le Pape François au Maroc consacre une "conviction partagée : les valeurs de la religion monothéiste contribuent à la rationalisation, à la réconciliation, à l’amélioration de l’ordre mondial".
Dans ce contexte, en tant que Commandeur des croyants, le souverain affirme se dresser, comme le Pape, contre l’"indifférence, sous toutes ses formes, et salue le courage des Leaders qui ne se dérobent pas aux grandes questions de notre temps".
Le souverain dit également suivre avec "intérêt et considération" les efforts déployés par Sa sainteté au service de la paix mondiale, ainsi que ses appels continus à l’éducation, au dialogue, à la cessation des violences et à la lutte contre la pauvreté, la corruption, le changement climatique, ces maux qui gangrènent les sociétés.
"Nos messages sont aussi actuels qu’éternels. Ils invitent les peuples à embrasser les valeurs de modération, à réaliser les impératifs de co-connaissance et à appréhender la conscience de l’altérité", a relevé le Souverain.