Le drame du Port-Said et ses 74 morts: grosse colère des Egyptiens contre la police et l’armée

Le drame du Port-Said et ses 74 morts: grosse colère des Egyptiens contre la police et l
Polémique en Egypte après les violences qui ont éclaté mercredi soir à l’issue d’un match de football dans un stade de Port-Saïd (nord), faisant au moins 74 morts. De nombreux Egyptiens reprochaient jeudi à la police et au conseil militaire au pouvoir d’avoir été incapables d’éviter le drame.

La tragédie s’est déroulée à l’issue d’une rencontre qui s’est soldée par la victoire inattendue, 3-1, du club local d’Al-Masry face à l’équipe d’Al-Ahly, basée au Caire. Des supporters ont alors envahi la pelouse. Certains ont été poignardés, tandis que d’autres sont morts étouffés alors qu’ils tentaient d’échapper à des individus armés de couteaux, de bâtons et de pierres.

Lors d’une séance parlementaire d’urgence, le Premier ministre Kamal el-Ganzouri a annoncé jeudi que le conseil d’administration de la Fédération égyptienne de football avait été dissous et que ses membres seraient entendus par la justice. Il a également annoncé la démission du gouverneur de la province de Port-Saïd et du chef de la police locale.

Des Egyptiens accusent la police d’avoir laissé les violences se produire par vengeance contre les "ultra", ces supporters fervents, en première ligne dans les manifestations ayant conduit à la chute d’Hosni Moubarak il y a un an, et qui ont également affronté des soldats ces derniers mois lors de rassemblements demandant la fin du régime militaire.

Plusieurs députés égyptiens ont dénoncé l’attitude des forces de l’ordre. Le président du Parlement Saad el-Katatni, membre des Frères musulmans, a accusé les responsables de la sécurité d’avoir tergiversé, mettant ainsi "la révolution en danger". Le député Abbas Mekhimar, chef de la commission parlementaire de la Défense, a de son cô té dénoncé un "crime". "Cela fait partie du scénario visant à attiser le chaos" en Egypte, a-t-il ajouté.

Des manifestations et une marche jusqu’au ministère de l’Intérieur étaient prévus jeudi pour dénoncer le comportement de la police. Dans la matinée, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés sur l’emblématique place Tahrir du Caire, épicentre du soulèvement qui a abouti le 11 février dernier à la chute du président Moubarak. D’autres ont bloqué la rue située en face de l’immeuble de la télévision publique dans le centre de la capitale.

Selon des témoins, des supporters d’Al-Masry, armés de couteaux, de bâtons et de pierres, ont chassé de la pelouse les joueurs et les fans du club rival qui se sont précipités vers les sorties et les tribunes pour tenter de leur échapper. Ahmed Ghaffar, un supporter du club de la capitale, a rapporté que "des couches de gens" s’étaient retrouvés coincés dans un couloir étroit. "Il n’y avait pas d’autre sortie", a-t-il twitté jeudi. "Nous avions deux solutions: la mort qui arrivait derrière nous ou des portes fermées."

Un responsable du ministère de la Santé, Hisham Sheha, a précisé que des victimes avaient été poignardées avec des objets tranchants. D’autres ont succombé à des hémorragies cérébrales et à des commotions. "Toutes celles qui ont été emmenées dans les hô pitaux étaient déjà mortes", a-t-il déclaré à la télévision d’Etat.

Un homme a raconté avoir entendu des tirs dans le stade, tandis qu’un parlementaire des Frères musulmans affirmait que la police n’avait rien fait pour empêcher que des gens entrent dans le stade avec des couteaux. Certains hommes ont secouru un entraîneur de l’équipe perdante alors qu’il était frappé. Les forces de police anti-émeute présentes sur place ne sont pas intervenues.

Selon le ministère de l’Intérieur, 74 personnes ont été tuées, dont un policier, et 248 autres blessées, dont 14 membres des forces de l’ordre. Quarante-sept personnes ont été arrêtées pour leur implication dans les violences. Il s’agissait des incidents les plus meurtriers dans un stade depuis 1996.

Plusieurs partis politiques ont appelé le Parlement égyptien à approuver une motion de défiance à l’égard du gouvernement de Kamal el-Ganzouri, nommé par le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir. Le Premier ministre a convoqué un conseil des ministres d’urgence jeudi matin.

L’élément déclencheur des incidents reste un mystère, la plupart des assaillants étant des supporters de l’équipe gagnante.

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