La Syrie et les pays arabes dénoncent la position de Trump sur le Golan

La Syrie et les pays arabes ont condamné vendredi la déclaration du président américain Donald Trump en faveur d’une reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur la partie du plateau du Golan syrien occupée.

Israël a conquis en 1967 une grande partie du Golan et l’a annexée en 1981, mais la communauté internationale n’a jamais reconnu cette annexion. L’annonce de M. Trump a été interprétée comme un vrai coup de pouce au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’approche des législatives du 9 avril.

"Après 52 ans, il est temps pour les Etats-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, qui a une importance stratégique pour l’Etat d’Israël et la stabilité régionale", a tweeté M. Trump, une décision en rupture avec la position des Etats-Unis depuis des décennies.

"La position américaine sur la partie occupée du Golan syrien reflète clairement le mépris des Etats-Unis pour les règles internationales et leur violation flagrante du droit international", a déclaré une source aux Affaires étrangères syriennes citée par l’agence Sana.

"Parti pris aveugle"

Pour le régime syrien, les déclarations de M. Trump "confirment une nouvelle fois le parti pris aveugle des Etats-Unis en faveur de l’occupation sioniste (…)". Mais elles "ne changeront rien au fait que le Golan est et restera arabe et syrien".

Le déclenchement en 2011 de la guerre en Syrie, voisine d’Israël, a attisé les tensions sur le Golan. Les tirs d’obus en provenance de la Syrie, rarement mortels, étaient fréquents ces dernières années sur le Golan, et Israël ripostait à chaque fois.

Il y a quelques semaines, Israël a accusé le Hezbollah libanais, son ennemi juré, d’établir secrètement dans la partie non occupée du Golan, un réseau militaire du mouvement allié de l’Iran, autre bête noire de l’Etat hébreu. En janvier 2015, un raid israélien ciblant le Hezbollah a tué des militaires iraniens sur le Golan.

Au Caire, la Ligue arabe a jugé que la position de l’administration américaine était "dépourvue de toute valeur légale".

La Syrie a été suspendue par la Ligue arabe en 2011, mais plusieurs Etats arabes ont exprimé récemment leur soutien à la normalisation des relations avec le président Bachar al-Assad.

L’Egypte, proche de l’administration Trump, a elle réaffirmé dans un communiqué sa position selon laquelle "le Golan syrien est un territoire arabe occupé" et son annexion "nulle et non avenue" au regard du droit international.

L’institution de l’islam sunnite Al-Azhar, basée au Caire, a également condamné les propos de M. Trump "au sujet de la prétendue souveraineté sioniste sur le plateau du Golan syrien occupé", dans un tweet publié sur son compte officiel.

"Tous choqués"

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG, qui regroupe l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Koweït) a dit dans un communiqué regretter les propos de M. Trump. Cela "ne change pas la réalité qui est que le plateau du Golan arabe est une terre syrienne qu’Israël a occupée par la force militaire en juin 1967".

Frontalière de la Syrie et d’Israël, la Jordanie a également souligné que le Golan était "un territoire syrien occupé au regard des lois internationales".

Une "paix globale et durable requiert le retrait d’Israël de toutes les terres arabes occupées, dont le Golan syrien fait partie intégrante", a indiqué le ministre jordanien des Affaires étrangères Aymane al-Safadi, cité par l’agence officielle Petra.

Hormis les pays arabes, les alliés russe et iranien de la Syrie ainsi que la Turquie ont également réagi.

Bien qu’hostile à M. Assad, le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que la déclaration de M. Trump mettait la région "au bord d’une nouvelle crise".

Pour le Kremlin, "de tels appels peuvent déstabiliser considérablement la situation (…) au Proche-Orient".

"Nous sommes tous choqués par @realDonaldTrump qui continue d’essayer de donner ce qui ne lui appartient pas à (l’Etat) raciste d’Israël: d’abord Al-Qods (nom arabe de Jérusalem, ndlr), maintenant le Golan", a déclaré pour sa part le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter.

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