La Russie dément un renforcement militaire en Syrie face aux accusations de Washington

La Russie a démenti jeudi le renforcement de sa présence militaire en Syrie en réponse aux accusations des Etats-Unis qui ont fait état d’un déploiement récent de matériel et de soldats près de Lattaquié, fief alaouite du président Bachar al-Assad.

Moscou a néanmoins pour la première fois admis que ses vols à destination de la Syrie, survolant notamment la Bulgarie, transportaient aussi de l’équipement militaire, et pas seulement de l’aide humanitaire comme il l’affirmait jusque là.

Officiellement, la Russie n’est présente en Syrie que grâce à ses installations logistiques militaires dans le port de Tartous, sur les bords de la Méditerranée.

Mais des responsables américains ont confié ces derniers jours à l’AFP avoir observé à Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, une dizaine de véhicules blindés de transport de troupes et des dizaines de soldats russes. Ces responsables ont également évoqué des bâtiments préfabriqués, près de l’aéroport Bassel al-Assad, pouvant abriter des centaines de personnes et du matériel de contrôle aérien.

Toujours selon ces responsables américains, l’arrivée de deux avions cargos géants Antonov 124 Condor et d’un avion de transport de passagers suggère la construction d’une "base aérienne avancée" à Lattaquié.

Sergueï Lavrov a balayé ces accusations d’un revers de la main. "La Russie ne prend actuellement aucune mesure supplémentaire" de renforcement de sa présence en Syrie.

Si Moscou décide de renforcer sa présence en Syrie, ce sera uniquement "en accord avec nos lois, avec le droit international, avec nos obligations internationales et uniquement sur demande et avec l’accord du gouvernement syrien et des gouvernements des autres pays de la région", a assuré M. Lavrov.

La Russie "n’a jamais caché sa présence militaire en Syrie. Des experts militaires russes travaillent en Syrie, ils aident l’armée syrienne à apprendre à utiliser nos armes", a-t-il martelé, visiblement exaspéré.

Vladimir Poutine, comme M. Lavrov, ont à plusieurs reprises répété avoir conclu avec Damas plusieurs contrats de livraison d’armements.

– Aide militaire ou humanitaire ? –

En début de semaine, la Bulgarie, à qui Moscou avait demandé une autorisation de survol pour des avions d’aide humanitaire à destination de la Syrie, avait opposé un refus en émettant des doutes sur le contenu des cargaisons.

Jeudi, Sergueï Lavrov a fini par reconnaître que les avions ne transportaient pas que de l’aide humanitaire mais aussi "des équipements militaires conformément aux contrats existants" signés avec Damas.

Après l’interdiction d’entrée dans l’espace aérien bulgare, les Russes ont finalement fait passer leurs avions vers la Syrie par l’Est, via le Caucase, l’Iran et l’Irak – un allié des Américains qui pourrait bien décider aussi de refuser ces vols.

Les Etats-Unis souhaitent que leurs partenaires dans la région – y compris l’Irak – posent "des questions très fermes" aux Russes sur leur implication en Syrie, a averti Washington.

"Nous demandons l’autorisation (de survoler ces pays) en totale conformité avec les règles", lui a répondu M. Lavrov, dénonçant la "logique absolument absurde" de Washington dans le dossier syrien.

"La coalition menée par les États-Unis fait une erreur colossale en ne proposant pas à la Syrie de coopérer", a-t-il estimé. "L’armée syrienne est la force la plus efficace pour faire face sur le terrain à la menace terroriste".

Depuis plusieurs mois, Vladimir Poutine prône une double approche du conflit syrien: pousser les opposants syriens à unifier leurs positions pour négocier une sortie de crise politique avec Damas et créer une coalition militaire élargie à la Turquie, à l’Arabie saoudite et à l’armée régulière syrienne, pour combattre le groupe extrémiste État islamique. Cette initiative n’a pour le moment que peu de soutien.

Le président russe a en revanche toujours dit clairement qu’il n’était pas question, pour l’heure, que l’armée russe participe à des opérations militaires directes en Syrie.

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