"On attend une canicule qui va concerner de nombreuses régions, plus de la moitié de la France, d’une intensité maximale: le jour le plus chaud atteint sera comparable à 2003, pas très loin en tout cas", a annoncé le météorologue François Gourand lors d’une conférence de presse.
"Cette canicule s’annonce sans précédent pour un mois de juin" et des records de chaleur pour cette période devraient être battus, a poursuivi le prévisionniste. "Depuis 1947, seule la vague de chaleur du 18 au 28 juin 2005 avait été aussi précoce. L’épisode attendu s’annonce bien plus intense, sans précédent au mois de juin", complète Météo-France.
Si l’intensité de cette canicule ne fait pas de doute, reste une inconnue concernant sa durée: Météo-France prévoit pour l’instant "a minima six jours de canicule", du lundi 24 juin au vendredi 29 juin.
Dès dimanche, le thermomètre devrait grimper au-dessus des 30°C "sur une grande partie du pays", indique Météo-France, avec de l’air chaud venant du Maghreb et de l’Espagne. La canicule va d’abord toucher "des régions du centre au nord-est du pays", a fait savoir François Gourand.
A partir de mardi, "on attend 35 à 40°C (sous abri) sur la grande majorité des régions", selon un communiqué. "Ces très fortes chaleurs pourraient persister jusqu’au week-end suivant notamment sur la moitié est", prévient l’institut de prévisions météorologiques.
Mercredi et jeudi – jour estimé de pic des températures-, seule la façade maritime allant du Pas-de-Calais à la Loire-Atlantique et la Corse devraient rester sous la barre des 35°C, selon des cartes de prévisions de Météo-France.
Les températures resteront très élevées la nuit, offrant peu de répit: "le mercure ne descendra pas sous la barre des 20°C sur une bonne partie du pays".
Par rapport à la canicule d’août 2003, qui avait provoqué une surmortalité de 15.000 personnes, la végétation, des sols encore relativement humides et la mer fraîche pourraient toutefois jouer un rôle atténuateur.
– Un avant-goût du futur? –
Les grandes agglomérations, Paris et Lyon, souffriront particulièrement de la canicule: ces "îlots de chaleur" urbains, marqués par les sols artificiels, peu d’arbres et des activités humaines importantes, sont toujours touchés par des températures plus importantes que les campagnes environnantes.
"La mairie de Paris mettra en place des mesures dès lundi dans la capitale", a-t-elle déclaré à l’AFP, sans plus de précision.
La ministre de la Santé Agnès Buzin avait assuré mardi que tout serait mis en oeuvre "pour qu’il n’y ait pas de trous dans les lignes de garde" des urgences hospitalières en cas de canicule cet été, à l’issue d’une réunion de préparation de la période estivale avec des représentants des hôpitaux, des libéraux, des maisons de retraite, des associations, des collectivités locales et des administrations.
Ce nouveau coup de chaud est à mettre en lien avec le réchauffement climatique, particulièrement marqué l’été dans l’Hexagone.
En 2016 et 2017, des pics de chaleur ont été relevés en juin ou fin août et septembre, alors qu’ils étaient auparavant "réservés à la période de juillet à mi-août", a souligné François Gourand.
En France, la hausse des températures moyennes est de 1,4°C depuis 1900. L’Accord de Paris de 2015 sur le climat prévoit de limiter l’élévation de la température moyenne de la planète bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, voire à 1,5°C, pour en limiter les conséquences (canicule, sécheresse, ouragans, hausse des océans…). Pour l’instant, les Etats n’en prennent pas la voie.
Selon les scénarios de Météo-France, "le réchauffement pourrait atteindre 2°C à l’horizon 2071-2100" dans le pays, voire 4°C dans le cas le plus pessimiste. Les vagues de chaleur vont se multiplier dès 2021 et pourraient devenir deux à trois fois plus nombreuses d’ici le milieu du siècle.