La France reporte la livraison du premier navire militaire Mistral à la Russie
Coincée entre ses alliés de l’Otan et la Russie, la France a reporté mardi « jusqu’à nouvel ordre » au vu de la dégradation du dossier ukrainien la livraison du premier navire militaire Mistral commandé par Moscou, une décision accueillie avec prudence par l’acheteur.
La décision a été accueillie par Moscou avec une modération teintée de mise en garde. La Russie ne va pas "pour l’instant" poursuivre en justice la France, a réagi un vice-ministre russe de la Défense, Iouri Borissov. "Nous allons attendre avec patience (…) Pour l’instant, nous n’intentons aucune action", a affirmé M. Borissov, cité par l’agence publique Ria Novosti. Toutefois, si la France "ne nous livre pas (le navire), nous allons faire un procès" et lui réclamer une amende "conformément au contrat", a-t-il averti, selon l’agence Tass.
Selon une source proche du dossier à Paris, le communiqué de l’Élisée a été publié mardi pour répondre aux "échéances du contrat". Mais aucune précision sur ces échéances, ni sur les éventuelles pénalités auxquelles s’expose la France n’a été fournie. Pas plus que sur le devenir des marins russes envoyés en France pour se former au navire et le ramener en Russie.
"Le contrat prévoit une possibilité de prolongation des délais de livraison pour trois mois, à savoir jusqu’à la mi-février", a relevé à Moscou une source haut placée au ministère russe de la Défense, citée par l’agence Interfax. En conséquence, Moscou n’a "pas pour l’instant de fondement pour poursuivre en justice les partenaires français", a-t-elle précisé.
"Pendant cette période, les autorités françaises vont essayer de tirer le profit politique maximal de cette situation", selon cette même source russe.
Le premier Mistral, le Vladivostok, devait initialement être remis à Moscou mi-novembre, dans le cadre d’un contrat d’1,2 milliard d’euros signé en juin 2011 entre la Russie et le constructeur naval DCNS sous l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy.