La Corée du Nord tire un missile balistique avant des discussions avec Washington

La Corée du Nord a tiré mercredi ce qui semble être un missile mer-sol balistique, au lendemain de l’annonce par Pyongyang de la tenue samedi de discussions de travail sur le nucléaire avec Washington.

Pyongyang a pour habitude de procéder à des manoeuvres militaires à la veille de pourparlers diplomatiques, une façon pour la Corée du Nord de peser un peu plus dans les négociations.

L’état-major sud-coréen a indiqué qu’un missile a parcouru mercredi matin 450 km en direction de la mer du Japon, à l’Est de la péninsule, et a volé à une altitude maximale de 910 km.

Ce missile "pourrait être un Pukguksong", c’est-à-dire un missile mer-sol balistique (SLBM), lancé à partir d’un sous-marin et actuellement développé par la Corée du Nord, selon la même source.

"De tels actes (…) n’aident pas à apaiser les tensions dans la péninsule coréenne et nous l’exhortons une nouvelle fois à y mettre fin immédiatement", a ajouté l’armée sud-coréenne.

Le Pukguksong est un SLBM dont le premier essai réussi remonte au 24 août 2016. Il avait volé sur 500 km en direction du Japon, ce qui avait conduit le leader nord-coréen Kim Jong-Un à affirmer que le territoire continental américain était désormais à portée d’un sous-marin croisant dans le Pacifique.

En juillet, les médias officiels nord-coréens avaient publié des photos montrant M. Kim en train d’inspecter un nouveau sous-marin, faisant craindre que Pyongyang ne développe un programme de SLBM.

Le lancement d’un missile mer-sol balistique par la Corée du Nord prouverait que Pyongyang a franchi un nouveau cap sur le plan de son arsenal militaire et que le pays serait désormais en capacité de frapper au-delà de la péninsule coréenne.

Ce missile balistique est monté presque à pic, ont affirmé des experts.

Selon eux, il s’agirait d’un missile de portée intermédiaire pouvant parcourir environ 2.000 km.

Vipin Narang, professeur associé au Massachusetts Institute of Technology (MIT) a qualifié le lancement de mercredi de "système d’armes nucléaires explicite", contrairement à la dernière série de tirs nord-coréens.

Les États-Unis ont déclaré surveiller la situation dans la péninsule coréenne.

"Pousser Washington à renoncer"

Selon Tokyo, une partie du missile est tombée dans la Zone économique exclusive du Japon (ZEE), un espace maritime situé entre les eaux territoriales et internationales, la ZEE du Japon représente une superficie de plus de 4 millions de km2, tout autour de l’archipel.

Ces tirs interviennent au lendemain de l’annonce par Pyongyang de la tenue samedi de discussions de travail sur le nucléaire avec Washington, qui devraient relancer le processus diplomatique huit mois après l’échec du sommet de Hanoï.

Les deux parties ont accepté d’avoir des "contacts préliminaires" le 4 octobre et des discussions de travail le lendemain, a annoncé mardi la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Choe Son Hui, sans préciser le lieu des discussions.

Quelques heures plus tard, la porte-parole du département d’Etat américain Morgan Ortagus a confirmé la tenue de discussions "au cours de la semaine qui vient", sans livrer plus de détails.

"Il semble que la Corée du Nord veuille affirmer sa position avant même le début des pourparlers", a déclaré mercredi Harry Kazianis, du groupe de réflexion néo-conservateur américain Center for the National Interest.

Selon lui, "Pyongyang semble vouloir pousser Washington à renoncer à ses revendications de dénucléarisation totale en échange d’une levée partielle des sanctions".

Les négociations sur le nucléaire nord-coréen sont au point mort depuis le fiasco du deuxième sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, en février à Hanoï.

Les deux hommes s’étaient de nouveau rencontrés en juin à la frontière dans la Zone démilitarisée (DMZ), qui sépare les deux Etats depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53).

Cette brève entrevue avait débouché sur la décision de relancer les discussions sur le programme nucléaire de Pyongyang, un peu plus d’un an après le premier sommet Trump-Kim à Singapour.

Cependant, ces négociations n’ont toujours pas repris, le Nord ayant notamment été échaudé par le refus américain d’annuler des manoeuvres militaires conjointes avec Séoul cet été.

Pyongyang a multiplié depuis juillet des tirs de missiles de courte portée, qualifiés de "provocations" par des responsables américains -même si Donald Trump s’est montré nettement plus conciliant.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite