Une confrontation médiatique entre ceux qui s’ingénient à montrer les dégâts humanitaires d’une telle guerre et ceux qui tout, en levant haut et avec une certaine fermeté l’étendard de la restauration de la légalité au Yémen, l’idée maîtresse de cette guerre, veillent à panser les blessures des victimes collatérales et apporter une précieuse aide pour sauver des villages entiers d’une mort certaine.
Car le constat dressé par les nations unies fait état d’une situation dramatique inédite. Plus de 22 millions de yéménites ont un besoin immédiat de protection et d’aide humanitaire parmi lesquels 18 millions ses trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire. La famine et les maladies sont pour certains déjà une réalité mortelle et pour d’autres une menace réelle.
Si les pays de la coalition menée par L’Arabie Saoudite et les émirats arabes unies ont jusque aujourd’hui montré une détermination et une fermeté sans faille à ne pas laisser tomber le Yémen dans l’escarcelle iranienne en tentant de casser militairement la rébellion Houtie affiliée et télécommandés par Téhéran, la préoccupation humanitaire est très présente dans la stratégie de la coalition. Ce département de l’aide humanitaire au Yémen semble avoir été préempté par les Emirats Arabes Unis, l’autre pilier de la coalition.
Ce pays dispose d’une grande tradition dans la gestion et la distribution de l’aide humanitaire à travers une organisation, le croissant rouge des émirats arabes unies qui a montré une redoutable efficacité à faire parvenir les aides humanitaires aux endroits les plus reculés une fois libérés du contrôle de la rébellion. À cette occasion, le président du CRE, Cheikh Hamdane ben Zayed, a réitéré l’engagement des EAU à assumer la responsabilité humanitaire envers le Yémen. « Les EAU ne ménageront aucun effort pour fournir les ressources et les aides nécessaires afin de réduire les difficultés rencontrées par les Yéménites ».
Cette préoccupation humanitaire est si présente dans la perception politique des autorités des Emirats arabes unies qu’il est possible d’imaginer le prince héritier d’Abou Dhabi, Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, à la fois chef de guerre en sa qualité de commandant suprême adjoint des forces armées des EAU et grand donateur et fournisseur d’aides humanitaires. Ces deux fonctions à la tête d’un pays qui mène à la fois la guerre pour expurger le Yémen des radicaux pro-Iran et en même temps inscrire ses efforts dans une logique humanitaire d’aide et de reconstruction. C’est la marque de fabrique portée avec un certain savoir-faire par ce pays qui au fil de la guerre et de la crise a montré une indéniable expertise.
Cet investissement humanitaire des Emirats arabes unis ne datent pas d’aujourd’hui. Il s’est accru et devenue de plus en plus visible depuis que la coalition a réussi à libérer des pans entiers de territoires jadis sous le contrôle de la rébellion Houtie. Les besoins criants de ces populations en termes de nourriture, de santé, d’éducation et d’infrastructure. Le ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale des EAU a récemment publié un tableau récapitulatif de cette aide qui montre le volume de cette aide. D’Avril 2015 à mai 2018, les Émirats arabes unies ont donné la rondelette somme de 13,85 milliards de dirhams émirats soit 3,77 milliards de dollars américains.
Dans cette interminable guerre du Yémen, la bataille humanitaire prend des proportions importantes. Il s’agit d’une opération de conquête des cœurs et des esprits. Là où le camp adverse de la coalition cherche à mobiliser la communauté internationale sur le débris des souffrances et des frustrations, les Emirats arabes unis tentent de vider cette démarche de sa substance en mettant l’humanitaire comme le pendant indispensable à ses choix diplomatiques.