L’ex-golden boy algérien, Rafik Khalifa, condamné en France à 5 ans de prison

Rafik Khalifa, l’ex-golden boy algérien actuellement emprisonné à Alger, a été condamné mardi par un tribunal français à cinq ans de prison pour avoir détourné des millions d’euros lors de la faillite de son groupe en 2002. En revanche le procès est loin d’avoir levé le voile sur les zones d’ombre du dossier telles que l’origine de la fortune de Khalifa ou le nom de ses soutiens. La présidente du tribunal, Fabienne Siredey-Garnier, a avancé que l’ascension du golden boy a « peut-être été aidée par le clan des généraux ».

Jugé à Nanterre (ouest de Paris) en juin, l’ancien homme d’affaires a été jugé coupable d’avoir organisé le pillage de sa société juste avant sa liquidation, en "la vidant de certains de ses actifs les plus significatifs".

Écroué à Londres depuis 2007, Rafik Khalifa a été extradé vers Alger fin 2013 et n’a pas assisté à son procès où aucun avocat ne le représentait. Un mandat d’arrêt a été délivré à son encontre par le tribunal.

Le parquet avait requis trois ans de prison.

Dix autres personnes étaient jugées dans ce dossier tentaculaire, l’ancienne femme de Rafik Khalifa, un notaire, d’anciens représentants de l’entreprise en France ainsi qu’un constructeur et équipementier aéronautique. Trois d’entre elles ont été relaxées, les autres ont écopé de peines allant de six mois de prison avec sursis à six mois ferme.

"Ce jugement est une grande déception pour tous les Algériens qui se sont constitués parties civiles dans ce dossier. Le tribunal a jugé leur demande irrecevable pourtant ceux sont eux qui ont été ruinés dans cette affaire", a souligné Elisabeth Maisondieu-Camus, une avocate des parties civiles.

L’effondrement de l’empire Khalifa a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’État algérien et aux épargnants.

Le procès en France a mis en évidence le train de vie fastueux de "Rafik le flamboyant" aux frais des sociétés du groupe.

Symbole de cette démesure, sa propriété de Cannes avec trois somptueuses villas de 5.000 m2 au total, deux piscines extérieures, des bassins, des cascades, des jacuzzis, des piscines intérieures où le golden boy organisait de somptueuses réceptions avec des célébrités comme Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting ou encore Bono.

En revanche le procès est loin d’avoir levé le voile sur les zones d’ombre du dossier telles que l’origine de la fortune de Khalifa ou le nom de ses soutiens. La présidente du tribunal, Fabienne Siredey-Garnier, a avancé que l’ascension du golden boy a "peut-être été aidée par le clan des généraux".

Rafik Khalifa, 48 ans, débute en reprenant la pharmacie de son père, l’un des fondateurs de la police politique algérienne reconverti dans les affaires. En 1992, alors que le conflit qui oppose le gouvernement au Front islamique du salut (FIS) fait rage, il se lance dans la fabrication de médicaments génériques.

– "Trop encombrant" –

En 1998, la pièce majeure de son futur empire, Khalifa Bank, est montée en à peine neuf mois. Les taux d’intérêt extrêmement avantageux qu’elle propose attirent des centaines de milliers de personnes, ce qui permet au groupe de se diversifier. Une multitude de sociétés sont lancées en Algérie, en France, au Royaume-uni et en Allemagne notamment, dans la banque, la construction, l’aéronautique et l’audiovisuel.

Au faîte de sa gloire, le groupe Khalifa, sponsor de l’équipe de football Olympique de Marseille, était présenté comme la nouvelle vitrine du régime algérien, qui sortait d’une décennie de guerre civile pour s’ouvrir à l’économie de marché. "Il se sentait l’Algérie à lui tout seul", selon Me Jean-Yves Le Borgne, l’un des avocats de la défense.

Mais, en novembre 2002, les opérations de la banque sont gelées à la suite de malversations décelées par Alger et, début 2003, le groupe est placé en liquidation.

Pour l’un de ses proches qui assistait aux débats, "il était devenu trop encombrant pour le régime et il a choisi le mauvais cheval" en soutenant Ali Benflis contre Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle de 2004.

Rafik Khalifa s’était réfugié en Grande-Bretagne en 2003. Arrêté à Londres en 2007, il était réclamé par les justices française et algérienne. Extradé vers l’Algérie où il avait été condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité, il doit y bénéficier d’un nouveau procès

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