Ces attaques ont été attribuées à l’Iran par les Etats-Unis qui ont évoqué un "acte de guerre" mais Téhéran a nié toute responsabilité et mis en garde contre une "guerre totale" en cas de riposte américaine ou saoudienne.
L’installation de Khurais, dans l’est du royaume, a été frappée quatre fois et des incendies y ont fait rage cinq heures durant, a déclaré aux journalistes un responsable du géant pétrolier saoudien Aramco qui gère le site, ce qui a contribué à la réduction de moitié de la production du premier exportateur d’or noir et entraîné une flambée des prix.
Abqaiq, à 200 kilomètres au nord-est de Khurais, abrite la plus grande usine du monde de traitement de brut. On y a recensé 18 frappes, selon des responsables d’Aramco.
Les journalistes ont constaté lors de cette rare visite du complexe énergétique saoudien que d’énormes réservoirs avaient été endommagés à Abqaiq ainsi que des tours de "stabilisation", servant notamment à séparer le gaz du pétrole brut.
"6.000 ouvriers sont impliqués dans les travaux de réparation", a indiqué un troisième responsable d’Aramco, Khaled al-Ghamdi, désignant une tour très endommagée.
"Plusieurs zones sensibles de l’usine ont été touchées", selon un autre responsable.
La visite a été organisée au lendemain d’une tournée dans la région du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo qui a semblé vouloir calmer le jeu, affirmant que son pays privilégiait une "solution pacifique" avec l’Iran.
Le numéro deux de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir, a réagi dans la nuit sur Twitter, avertissant que toute complaisance envers Téhéran encouragerait l’Iran à "commettre d’autres actes de terrorisme et de sabotage" dans la région.
Les tensions entre Washington et Téhéran n’ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.
"Nous reviendrons plus forts"
Les reporters ont constaté des scènes de destruction à Khurais, avec des grues déployées au milieu de débris calcinés, après ces attaques revendiquées par les rebelles yéménites Houthis, soutenus politiquement par Téhéran. Les techniciens s’activaient à évaluer les dommages causés à un stabilisateur.
Au moment de l’attaque, "il y avait plus de 200 à 300 personnes à l’intérieur des installations", a déclaré Fahad Abdelkarim, un directeur d’Aramco. "Il y a eu quatre explosions" et plusieurs incendies ont fait rage, a-t-il ajouté, précisant que personne n’avait été blessé
Les dégâts matériels sont considérables : de gros tuyaux en métal ont été déformés par l’impact des explosions et sont éparpillés dans la zone visée.
Selon les autorités saoudiennes, 18 drones et sept missiles de croisière ont été utilisés dans ces attaques.
Malgré l’ampleur des dégâts, Aramco demeure optimiste quant au rétablissement complet de sa production d’ici la fin septembre.
"Une équipe d’urgence a été constituée pour réparer l’usine, relancer les activités et ramener (la production) à son niveau habituel", a souligné M. Abdelkarim.
"En moins de 24 heures, 30 % de l’usine était opérationnel", a-t-il dit, affirmant que "la production sera au même niveau qu’avant l’attaque d’ici la fin du mois". "Nous reviendrons plus forts", a-t-il promis.
Mais des spécialistes jugent cet objectif ambitieux. Le bulletin spécialisé du groupe Energy Intelligence a souligné dans un rapport que certaines réparations nécessiteraient "plusieurs semaines".
"Grave escalade"
Au même moment, les rebelles Houthis du Yémen ont accusé la coalition dirigée par Ryad d’une "grave escalade à Hodeida, de nature à dynamiter l’accord" conclu en décembre à Stockholm sur une trêve et un redéploiement des forces dans cette ville portuaire stratégique de l’ouest du pays.
Cette accusation a été formulée au lendemain de frappes annoncées par la coalition qui intervient depuis 2015 au Yémen pour soutenir les forces progouvernementales.
Celle-ci a annoncé avoir lancé une opération militaire contre les Houthis, la première depuis les attaques du 14, et précisé avoir détruit quatre sites au nord de Hodeida utilisés par les rebelles pour assembler des bateaux télécommandés et des mines marines.
La coalition avait annoncé peu avant avoir déjoué une attaque au bateau piégé, sans équipage à bord.
Les Houthis continuent d’occuper le port de Hodeida en dépit d’un accord parrainé par l’ONU et signé en décembre 2018, prévoyant de céder le contrôle de cette installation à des forces neutres et un redéploiement des forces rebelles et progouvernementales autour de la ville.