Poursuivi pour "actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation", M. Mélenchon, qui martèle être victime d’un "procès politique", encourt jusqu’à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans d’inéligibilité.
Le ministère public n’a requis une peine de prison avec sursis que pour le chef du parti LFI. Il a aussi demandé 8.000 euros d’amende pour M. Mélenchon, les députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud et l’eurodéputé Manuel Bompard, 10.000 euros contre le président de l’association "L’Ere du peuple" Bernard Pignerol et 2.000 euros contre l’attachée de presse du mouvement.
"La loi a prévu 10 ans, de 10 ans on passe à trois mois avec sursis… Tout ce souk pour ça !", s’est exclamé Jean-Luc Mélenchon devant la presse, après avoir salué les dizaines de militants qui attendaient dans le hall pour le soutenir.
"J’estime que sur le plan moral notre victoire est totale (…). Il faut que tout se termine par une relaxe et qu’on passe à autre chose", a-t-il ajouté.
Pour justifier ses réquisitions, le parquet a souligné le rôle décisif de M. Mélenchon dans l’escalade de tensions ayant mené à l’interruption de la perquisition, scène dont les images filmées par des journalistes ont été largement reprises dans les médias.
"La rébellion monte d’un cran dans l’escalier lorsque Jean-Luc Mélenchon arrive", a estime la procureure Juliette Gest, égrenant plusieurs phrases du leader insoumis: "Allez enfoncez-moi cette porte", "rentrez on en a rien à foutre de ce qu’ils disent" ou encore "Allez, vas-y, essaie de me pousser pour voir".
"Il lève le doigt menaçant, son visage a touché le sien (du procureur, ndlr), dit +ne me donnez pas d’ordre ou de consigne+, puis il le pousse: la rébellion est constituée", a déclaré Mme Gest. Selon elle, il s’agit "sans conteste d’un acte de résistance violente, avec usage de la force".
Plus tôt dans la matinée, Me Eric Dupond-Moretti, avocat de policiers constitués parties civiles, s’est exclamé dans sa plaidoirie: "De grâce, arrêtez votre cirque !" Il a dénoncé l’argumentaire des six prévenus Insoumis qui dénoncent un "procès politique": "On n’est pas au Venezuela ici. On est en France et quand on outrage un policier, on est condamné".
Suivront cet après-midi les plaidoiries de la défense. Le jugement sera mis en délibéré.
"Sentiment d’humiliation"
Lors de la première journée d’audience, M. Mélenchon a raconté son "sentiment d’humiliation" au moment de la perquisition ce 16 octobre, et expliqué sa véhémence d’alors, notamment sa phrase "La République, c’est moi", criée à la figure d’un policier en faction.
Il a affirmé n’avoir pas voulu s’opposer à la perquisition mais simplement avoir tenté d’y assister pour s’assurer que le fichier des inscrits à LFI ne soit pas emporté. "J’ai eu l’attitude que j’estimais politiquement nécessaire, car je pensais être la cible d’une attaque politique", a expliqué le patron des députés LFI, qui s’est défendu de toute violence physique.
La perquisition au coeur du procès avait été menée dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés de LFI, confiées depuis à des juges d’instruction.
Filmant en direct sur Facebook une première perquisition de son domicile, M. Mélenchon avait d’abord dénoncé une "énorme opération de police politique" avant de se rendre avec des proches au siège du mouvement. Devant des caméras, il avait appelé à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux. On le voyait également bousculer un représentant du parquet, ainsi qu’un policier qui tentait de s’interposer.
Les cinq autres prévenus ont présenté une défense similaire.