L’Iran a poursuivi jeudi l’escalade verbale avec Washington, le chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République, promettant une « réponse décisive » si l’administration de Donald Trump mettait à exécution sa menace de « détruire » des embarcations iraniennes dans le Golfe.
Après l’incident maritime du 15 avril entre des navires américains et des vedettes rapides iraniennes, à propos duquel le Pentagone a accusé l’Iran de « manoeuvres dangereuses » en mer, les tensions continuent à monter entre les deux pays ennemis.
Mercredi, M. Trump a dit avoir ordonné « à l’US Navy d’abattre et de détruire toute embarcation iranienne qui harcèlerait nos navires en mer ».
« Toute action (du genre) sera accueillie par une réponse décisive, efficace et rapide », a rétorqué jeudi le général de division Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, à la télévision d’Etat.
Les forces iraniennes ont reçu l’ordre de « viser » les navires américains si elles sont en danger, a-t-il ajouté, estimant que l’incident du 15 avril découlait d’un « comportement non professionnel et dangereux de la part des Américains dans le Golfe Persique ».
L’Iran a par ailleurs convoqué l’ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en République islamique, selon la télévision d’Etat.
Satellite militaire
Ces échanges de menaces font craindre une escalade armée entre les deux pays, déjà à couteaux tirés depuis le retrait unilatéral de Washington il y a deux ans de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien et le rétablissement de lourdes sanctions américaines contre Téhéran.
Après une année 2019 marquée entre autres par une crise diplomatique liée à la saisie de pétroliers, les tensions ont atteint un nouveau pic après la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad le 3 janvier.
Et mercredi, le lancement par l’Iran d’un satellite militaire –une « grande réalisation nationale » selon le ministre iranien des Télécommunications, Mohammad Javad Azari Jahromi– a donné lieu à de nouvelles menaces.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo y a vu une violation d’une résolution des Nations unies et la preuve que les Etats-Unis avaient « raison » en dénonçant des programmes des tirs de « missiles » masqués.
« L’Iran devra rendre des comptes », a-t-il prévenu, tandis qu’Israël, allié de Washington, a qualifié ce lancement de « façade pour le développement par l’Iran de technologies balistiques avancées ».
La résolution 2231 enjoint Téhéran à « ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ».
L’Iran affirme que ses programmes balistique et spatial ne vont pas à l’encontre de ce texte.
« Sanctions cruelles »
Depuis l’annonce officielle mi-février des premiers cas de contamination au nouveau coronavirus, l’Iran accuse les Etats-Unis d’aggraver la crise sanitaire en maintenant leur arsenal de sanctions contre le pays.
« En plus de lutter contre le virus, l’Iran fait face à des sanctions américaines illégales et inhumaines », a regretté mercredi le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.
« Les Etats-Unis doivent donc être tenus pour responsables par la communauté internationale » pour ces « sanctions cruelles », a-t-il ajouté.
Le ministère de la Santé a annoncé jeudi 90 décès supplémentaires des suites de la maladie Covid-19, soit au total 5.481 morts, un bilan qui fait de l’Iran le pays le plus touché au Moyen-Orient.
Sur le papier, les biens humanitaires (médicaments, équipements médicaux notamment) échappent aux sanctions, mais en réalité, les banques internationales préfèrent généralement refuser une transaction impliquant l’Iran, quel que soit le produit concerné, plutôt que de courir le risque de s’exposer à des représailles des Etats-Unis.