France: forte journée d’action des fonctionnaires dans l’unité

Des soignants aux enseignants, des ministères aux collectivités, les 5,4 millions d’agents du service public se mobilisaient en faisant grève et manifestant mardi pour protester contre des mesures « inacceptables » du gouvernement, à l’appel de tous leurs syndicats, une première depuis dix ans.

Suppressions de 120.000 postes d’ici à la fin du quinquennat, gel des rémunérations, rétablissement du jour de carence, remise en cause de leur statut… Les neuf fédérations syndicales de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, CFTC et FA) ont appelé à une journée de grève et de manifestations dans les trois versants de la fonction publique (Etat, hospitalière, territoriale) pour exprimer leur "profond désaccord" avec le gouvernement.

"Macron regarde ta Rolex, c’est l’heure de la révolte", pouvait-on lire parmi les slogans à Saint-Nazaire où entre 2.400 et 4.000 manifestants ont défilé. "Les fainéants sont dans la rue mais les escrocs au gouvernement", disaient d’autres messages à Rennes (entre 3.800 et 6.000); "la fonction publique: une richesse pour tou.te.s, pas un coût !" ou "Hôpital en état d’urgence" à Nantes où les manifestants étaient entre 5.500 et 8.000. Ils étaient 3.500 à 6.000 à Montpellier, 2.200 et 3.500 à Strasbourg, parmi lesquels des militants de La France insoumise et du NPA, un millier à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) où la CGT Transports bloquait plusieurs rond-points.

"C’est la première fois depuis dix ans que l’ensemble des syndicats de fonctionnaires appellent à la mobilisation. Cela reflète plus qu’un malaise dans les fonctions publiques", a déclaré le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui défilait à Lyon.

"Il y a des fonctionnaires qui sont au front tous les jours, les agents des hôpitaux, les policiers, les pompiers. On n’a pas non plus l’impression d’être des planqués", a déclaré à l’AFP François Schill, 51 ans, directeur d’une école maternelle de Strasbourg.

"Il n’y a plus de qualité de soins, les agents sont fatigués de ne plus être auprès des patients. On ne discute plus, il faut que le travail soit forcément rentable et qu’on rapporte de l’argent", fulminait, dans le même cortège, Sandrine Knockaert, ex-agent des hôpitaux, de SUD santé-sociaux.

"Quand on gagne 1.600 euros nets au bout de 15 ans, ça fout un peu les boules", déplorait Corinne, employée de mairie de 54 ans, à Saint-Nazaire, disant en avoir "assez" que les fonctionnaires, parfois "Bac+5", soient considérés comme des privilégiés avec "la sécurité de l’emploi", "bien payés".

pas toujours de service minimum

Edouard Philippe a dit "assumer pleinement les mesures prises", assurant que les fonctionnaires n’étaient "pas du tout déconsidérés" et "même essentiels dans le fonctionnement de notre pays".

"Il y a une mobilisation importante (…) Il faut entendre ces inquiétudes", a déclaré le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, pour qui néanmoins les craintes sur le pouvoir d’achat ne sont pas légitimes.

Cette grève se traduisait un peu partout par des fermetures de crèches, d’établissements scolaires — où le service minimum, prévu par la loi, n’est pas toujours assuré — et de nombreux services publics. A Marseille, les trois-quart des cantines étaient fermées et 80 % des crèches, selon la mairie.

Le ministère de l’Education nationale annonçait 17,5 % de grévistes chez les enseignants, plus nombreux dans le primaire (20 %) que dans le second degré (16 %), tandis que la FSU évoquait 50 % de grévistes dans le primaire.

Dans le ciel, 30 % des vols ont été annulés préventivement en raison de la grève des agents de l’Aviation civile, qui emploie majoritairement des fonctionnaires. En revanche il n’y avait pas de perturbations à la SNCF et la RATP, excepté sur le RER B.

Fait inédit depuis 2009, une dizaine de syndicats de praticiens hospitaliers (médecins, pharmaciens, dentistes) se sont joints à l’appel du secteur hospitalier (infirmiers, aides-soignants).

Des appels à la mobilisation "solidaire" ont aussi été lancés dans le privé (banque, chimie, agroalimentaire ou commerce).

En désaccord sur les moyens de peser sur les réformes sociales d’Emmanuel Macron, les grandes centrales syndicales soutiennent unanimement le mouvement des fonctionnaires.

Leurs leaders devaient battre le pavé mardi avec le souci de "ne pas parasiter" les revendications des agents publics avec la contestation contre la réforme du Code du travail.

Seule la fédération Solidaires a clairement appelé à une "convergence" du public et du privé, contre le risque d’une "régression sociale généralisée".

Un rendez-vous salarial aura lieu le 16 octobre, a annoncé le ministre chargé de la fonction publique, Gérald Darmanin, répétant qu’"aucun agent public ne verra son salaire baisser".

AFP

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