Emmanuel Macron serait-il en passe de dissoudre l’Assemblée Nationale?
Dans un climat d’instabilité politique et de censures gouvernementales, des signes montrent peu à peu que le Président français s’apprête à dissoudre l’assemblée nationale.
L’ex-Premier ministre François Bayrou, ayant échoué à obtenir la confiance de l’assemblée nationale, a remis sa démission le 8 septembre. Remplacé le lendemain par Sébastien Lecornu, ex-Ministre des Armées, celui-ci démissionne à son tour 26 jours plus tard, le 6 octobre, faisant perpetuer la France dans sa phase d’incertitude accrue.
Pour le remplacer, aucun nom n’est réellement mentionné et, il est probable qu’Emmanuel Macron ait épuisé toutes ses cartes. De toute manière, la gauche comme la droite sont prêtent à censurer tout potentiel nouveau Premier ministre « macroniste ».
La France Insoumise (LFI) dénonce Emmanuel Macron comme « responsable du chaos » pour avoir ignoré la victoire du NFP en 2024 et imposé des gouvernements « illégitimes« . LFI appelle à la démission du chef d’État et à la dissolution de l’Assemblée nationale. Par ailleurs, elle s’engage à censurer tout gouvernement « macroniste ». Le Parti Socialiste (PS) et le Parti Communiste (PCF) se préparent eux-aussi à censurer tout gouvernement de continuité.
De l’autre côté, le Rassemblement National (RN) exige également une dissolution « immédiate » et impose un ultimatum à Emmanuel Macron: « Macron doit choisir : dissolution ou démission, et vite !« , déclare Jordan Bardella, Président du RN. Son parti en position de force, celui-ci a naturellement déclaré que le RN « serait prêt à prendre ses responsabilités et à gouverner si les Français lui donnaient une majorité« . Eric Ciotti, Président de l’Union des Droites pour la République (UDR), s’est également joint au mouvement en critiquant Sébastien Lecornu tout en appelant à « censurer tout jusqu’à la dissolution ».
Emmanuel Macron, face à ces menaces de censures systématiques, n’aurait donc comme seule solution d’invoquer l’article 12 de la constitution et dissoudre l’assemblée nationale afin d’appeler à de nouvelles élections législatives. Le chef de l’État ferait donc le pari d’espérer que ce nouveau résultat insuffle un vent de légitimité à sa présidence, minée par de cuisantes défaites aux élections européennes et législatives anticipées de 2024.
C’est dans cette optique qu’il a récemment reçu Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale et Gerard Larcher, Président du Sénat. Officiellement, le chef de l’État les a convoqué pour des raisons institutionnelles. Cependant, le timing de ces entrevues alimente les spéculations. Pour rappel, le chef d’État est tenu d’informer les présidents des deux chambres avant toute dissolution.
Par ailleurs, Le Canard Enchainé rapporte que les préfets auraient déjà reçu la consigne de se tenir prêts à une dissolution de l’Assemblée nationale et à de nouvelles élections législatives les 16 et 23 novembre prochains. Selon le Canard, la consigne a été passée aux préfets dès la fin de la semaine dernière, avant même la démission de Lecornu. Elle a pour objectif de « réactualiser le stock matériel et les procédures » pour un vote anticipé, en cas de dissolution. Les dates (dimanche 16 novembre pour le 1er tour, dimanche 23 pour le 2e) respectent l’article L. 162 du Code électoral : 20 à 40 jours après le décret de dissolution. Bien que l’instabilité chronique (censures de Barnier en décembre 2024, Bayrou en septembre 2025, Lecornu en octobre) renforce la mesure préventive de ces mesures, le timing, là aussi, alimente les spéculations.
