L’audition, réalisée dans le cadre d’un "interrogatoire de première comparution", a débuté vers 14H00 dans le bureau de la juge d’instruction parisienne Sabine Khéris, qui a récupéré l’enquête en juillet.
Elle pourrait déboucher sur une mise en examen du tueur en série, déjà condamné deux fois à la perpétuité pour les meurtres de huit jeunes femmes ou adolescentes, précédés de viols ou tentatives de viol, entre 1987 et 2001.
Interrogé par des journalistes avant le début de l’audition, les avocats de Michel Fourniret n’ont pas souhaité faire de commentaire.
Le tueur en série a jusqu’à présent toujours nié son implication dans la disparition d’Estelle Mouzin, survenue le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), expliquant qu’il se trouvait ce jour-là à son domicile de Sart-Custinne, en Belgique.
En guise d’alibi, l’"ogre des Ardennes" invoque un appel téléphonique passé à son fils le soir des faits pour son anniversaire. Son fils n’avait alors pas décroché mais l’appel a été attesté par des relevés téléphoniques.
Cette version est cependant fragilisée par les déclarations de son ex-épouse Monique Olivier, qui a raconté jeudi dernier à la juge avoir elle-même passé ce coup de téléphone, à la demande de son mari.
"Cela signifie que Michel Fourniret n’était pas à Sart-Custinne le jour de la disparition d’Estelle Mouzin. Il était ailleurs", a assuré l’avocat de Monique Olivier, Me Richard Delgenes.
Le tueur en série se trouvait-il à Guermantes, village situé à 250 kilomètres de son domicile belge, à ce moment-là? "On sait qu’à l’époque il partait plusieurs jours". Mais "situer et dater ses absences de janvier 2003, c’est un peu compliqué aujourd’hui", a souligné Me Richard Delgenes.
Agée de neuf ans, Estelle Mouzin a disparu alors qu’elle rentrait de l’école le soir du 9 janvier 2003. Son corps n’a jamais été retrouvé et les nombreuses pistes envisagées par les enquêteurs n’ont rien donné.
En 2006, la police s’était intéressée une première fois à Michel Fourniret. Une photo d’Estelle Mouzin avait en effet été retrouvée sur son ordinateur et une camionnette blanche semblable à celle du tueur avait à l’époque été repérée en Seine-et-Marne.
Mais "l’ogre des Ardennes" avait été mis hors de cause en 2007 dans cette affaire. Six ans plus tard, l’expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n’avait pas non plus permis de trouver de trace ADN de la fillette.