Avertissement de la rédaction : La Commission de contrôle de la campagne électorale a recommandé aux médias et citoyens de ne pas relayer le contenu des documents internes du mouvement En Marche obtenus par les pirates.
L’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a dénoncé vendredi une "action de piratage massive et coordonnée" après la diffusion "sur les réseaux sociaux" d’informations "internes" comme des courriels ou des "documents comptables".
"Les fichiers qui circulent ont été obtenus il y a plusieurs semaines grâce au hacking de boîtes mail personnelles et professionnelles de plusieurs responsables du mouvement", précise En Marche! dans un communiqué, ajoutant que ces documents sont tous "légaux".
"Le mouvement En Marche! a été victime d’une action de piratage massive et coordonnée donnant lieu ce soir à la diffusion sur les réseaux sociaux d’informations internes de nature diverse (mails, documents comptables, contrats…)", indique le mouvement du finaliste de l’élection présidentielle.
L’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a aussitôt saisi la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale. Celle-ci a publié un communiqué samedi matin afin de mettre en garde contre "la diffusion ou la rediffusion de telles données, obtenues frauduleusement, et auxquelles ont pu, selon toute vraisemblance, être mêlées de fausses informations". La commission rappelle que relayer ces contenus "est susceptible de recevoir une qualification pénale à plusieurs titres et d’engager la responsabilité de ses auteurs".
Déstabilisation démocratique
"Ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiques nombre de faux documents afin de semer le doute et la désinformation", affirme l’équipe de M. Macron en soulignant que cette opération, "intervenant dans la dernière heure de la campagne officielle", "relève manifestement de la déstabilisation démocratique, comme cela s’est déjà vu aux Etats-Unis pendant la dernière campagne présidentielle".
Les agences de renseignement américaines avaient accusé la Russie d’avoir interféré dans l’élection présidentielle des Etats-Unis l’an dernier pour favoriser Donald Trump, notamment via un piratage du parti démocrate de Hillary Clinton.
"Pendant toute cette campagne, En Marche! a constamment été le mouvement le plus visé par de telles initiatives, de façon intense et répétée", peut-on encore lire dans ce long communiqué d’En Marche!.
Nuire "quelques heures avant le second tour"
Selon l’entourage du candidat, "l’ambition des auteurs de cette fuite est de toute évidence de nuire au mouvement En Marche! à quelques heures du second tour de l’élection présidentielle française".
"Bien évidemment, les documents provenant du piratage sont tous légaux et traduisent le fonctionnement normal d’une campagne présidentielle. Leur diffusion rend publiques des données internes mais n’est pas de nature à nous inquiéter sur la remise en cause de la légalité et de la conformité des documents concernés", insiste-t-on encore chez M. Macron.
"Les comptes de campagne, dont certains éléments parcellaires ont été diffusés, seront déposés en temps normal auprès de la Commission nationale des Comptes de campagne (CNCCFP). Nous attirons néanmoins l’attention sur le fait que nombre des documents publiés relèvent des comptes prévisionnels ou de devis et non d’engagement réalisés", ajoute En Marche!, qui appelle "les médias désireux de rendre compte de cette opération à prendre leurs responsabilités en conscience".
"Il ne s’agit en effet pas d’une simple opération de piratage", ajoute le mouvement "mais bel et bien d’une tentative de déstabiliser l’élection présidentielle française. Il importe par conséquent de prendre en considération la nature des documents fuités, de bien prendre conscience de ce qu’une grande partie d’entre eux sont purement et simplement des faux et l’opportunité de l’écho à donner à cette opération de déstabilisation".
Face à "la gravité des faits", En Marche! assure encore qu’il prendra "toutes les initiatives nécessaires auprès des acteurs publics et privés pour faire la clarté sur cette opération inédite dans une campagne électorale française".
La Tribune