La France et l’Espagne, pays parmi les plus meurtris par la pandémie de nouveau coronavirus, présentent mardi leurs plans de déconfinement progressif, à l’heure où le nombre de cas enregistrés dans le monde a dépassé trois millions.
Aux Etats-Unis, pays qui connaît le plus lourd bilan de cas de Covid-19 tout comme de décès, le président Donald Trump a accusé la Chine d’avoir mal géré cette crise sanitaire mondiale, qui a débuté chez elle. Il est allé jusqu’à évoquer une demande de réparations, pour un montant « très élevé ».
En Europe, les Français apprendront mardi par la voix du Premier ministre Edouard Philippe si le port du masque sera obligatoire, si les écoles vont ouvrir voire si les déplacements inter-régionaux seront autorisés.
L’enjeu est vital: relance de l’économie et maîtrise de l’épidémie. Dans tous les cas, est exclu un retour à une vie normale le 11 mai, date envisagée pour la levée d’un confinement en vigueur depuis le 17 mars dans ce pays.
Si beaucoup sont las de rester à la maison, le gouvernement du président Emmanuel Macron n’inspire pas beaucoup de confiance. Pour 65 % des Français interrogés par Odoxa-CGI, il n’est « pas à la hauteur ».
L’Espagne, où le confinement a été prolongé jusqu’au 9 mai, le plan d’assouplissement est aussi attendu mardi. Depuis dimanche, dans ce pays où les habitants ont été cloîtrés chez eux pendant six semaines, les enfants peuvent enfin jouer dans la rue à condition de respecter un certain nombre de restrictions.
Plusieurs autres pays européens mais aussi une dizaine d’Etats américains ont amorcé une sortie prudente du confinement, encouragés par un ralentissement des contaminations et du nombre de décès.
Avec près d’un tiers des cas et plus de 56.000 des 210.000 victimes mondiales, les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché. Mais il existe de fortes disparités régionales entre zones rurales, très peu concernées, et région de New York par exemple, épicentre de la crise.
Redémarrer « le plus vite »
Les autorités locales, les gouverneurs notamment, tâchent donc de faire redémarrer l’économie de leur Etat autant que possible.
« Nous voulons qu’ils le fassent le plus vite possible mais en toute sécurité », a déclaré Donald Trump lors d’un point-presse à la Maison Blanche. Il espère voir de nombreuses écoles rouvrir avant les vacances d’été.
Désireux de faire oublier des propos malheureux sur des injections de « désinfectant », le président américain s’est fait discret ce week-end, mais a renoué lundi avec un exercice quasi quotidien depuis le début de la crise.
Il en a profité pour attaquer à nouveau la Chine, où le nouveau coronavirus est apparu fin 2019. La maladie « aurait pu être arrêtée à la source », a-t-il assuré, en évoquant une possible demande de réparation de plusieurs milliards de dollars.
« Nous n’avons pas encore déterminé le montant final », a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Le président a défendu sa gestion de la crise en soulignant les progrès réalisés en matière de dépistage. Mais le Washington Post a publié une critique féroce, en citant des membres de son administration, de son manque d’écoute en janvier et février face à des briefings qui lui peignaient un tableau catastrophiste de la pandémie à venir.
Des chercheurs d’Harvard estiment que le pays n’a même pas les capacités suffisantes de dépistage pour entamer un déconfinement le 1er mai.
Déjà plusieurs Etats ont franchi le pas, comme la Géorgie (sud-est) où les restaurants ont rouvert lundi. Au Texas, restaurants, musées, cinémas et théâtres pourront rouvrir vendredi, à 25 % de leur capacité.
Dans l’Etat de New York, à l’inverse, le confinement restera en vigueur au moins jusqu’au 15 mai, une décision approuvée à une majorité écrasante de la population locale (87 %). Ensuite, « il faudra être malin », a jugé le gouverneur démocrate Andrew Cuomo.
Autre pays fédéral, le Canada présente les mêmes écarts: si le Nouveau-Brunswick (est) a rouvert parcs et plages, les écoliers du Québec ne retrouveront les salles de classe que le 11 mai, et le 19 à Montréal.
« Protéger les travailleurs »
En Europe, le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même atteint du virus et de retour aux affaires lundi, a appelé ses concitoyens à la patience.
« Si ce virus était un assaillant, un agresseur inattendu et invisible, et je peux vous dire de ma propre expérience que c’en est un, ce serait le moment où nous avons commencé à le maîtriser au sol. (…) Mais c’est aussi un moment de risque maximum », a-t-il expliqué.
La Norvège a rouvert lundi des écoles. Une semaine après les « barnehager » qui font office de crèches et de maternelles, c’est au tour des enfants de six à dix ans de retrouver les bancs de l’école, dans des classes réduites à 15 élèves.
Les Suisses ont pu recommencer à aller chez le coiffeur ou le fleuriste. En Allemagne et en Autriche, une grande partie des commerces ont rouvert, avec de stricts mots d’ordre de « distanciation sociale » et à grands renforts de masques.
En Italie, les écoles resteront fermées jusqu’en septembre mais les entreprises stratégiques de la troisième économie européenne ont été autorisées à rouvrir.
L’Organisation internationale du travail a appelé mardi les entreprises à protéger leurs salariés. « L’application de mesures de sécurité et de santé au travail est indispensable pour à la fois protéger la vie des travailleurs, de leurs familles et des populations qui les entourent, assurer la continuité du travail et la survie économique », a relevé le directeur général de l’OIT, Guy Ryder.
En Chine aussi, collégiens et lycéens ont fait lundi une rentrée ultra-sécurisée, avec masques et prises de température, dans les mégalopoles de Pékin et Shanghai.
En Afrique, où le confinement est difficilement tenable pour de larges pans des populations, le géant nigérian commencera à lever ces mesures à compter du 4 mai, tout en maintenant un couvre-feu.