"Le temps est en train de fondre", et "Agir maintenant ou nager", pouvait-on lire sur certaines pancartes dans le premier défilé à Wellington, la capitale néo-zélandaise, où des centaines de lycéens et étudiants ont initié le mouvement.
Il a cependant été rapidement terni par les fusillades meurtrières dans deux mosquées à Christchurch (sud de l’archipel océanien). La police locale a demandé aux parents d’élèves de ne pas aller les chercher en centre-ville pendant le quadrillage du quartier dans la foulée de ces attaques.
Cette journée de sensibilisation était prévue "dans 1.769 endroits et 112 pays", a tweeté Greta Thunberg jeudi soir. La liste affichée sur le site internet de son mouvement, FridaysforFuture, avait ensuite dépassé 2.000 lieux, avec l’Italie, la France et l’Allemagne en tête de peloton.
Des milliers de jeunes ont embrayé vendredi à Sydney, Bangkok et Hong Kong, avec comme mots d’ordre "Il n’y a pas de planète B", "Vous êtes en train de détruire notre avenir" ou encore "Si vous n’agissez pas comme des adultes, nous le ferons".
– Vanuatu –
A Sydney, Edward Gay, 18 ans, a fait le voeu d’une «énergie 100% renouvelable», estimant que «c’est la seule manière de sauver des vies dans ce pays et partout dans le monde».
Charles Rickwood, du même âge, a pointé également auprès de l’AFP le danger couru par la Grande Barrière de corail: «Si les tendances environnementales actuelles se poursuivent, on va avoir une hausse d’un, deux degrés dans l’océan, cela deviendra tout simplement insoutenable et nous pourrions perdre la Grande Barrière de corail».
Greta Thunberg, qui s’est fait connaître en brandissant seule tous les vendredis depuis l’été une pancarte «grève de l’école pour le climat» devant le Parlement de Stockholm, a relayé sur Twitter des images de manifestations en Australie, au Japon, ou encore, plus modestes, aux Philippines et au Vanuatu.
La mobilisation de la Suédoise de 16 ans, qui a été proposée pour le prix Nobel de la paix 2019, était jusqu’alors suivie dans quelques pays seulement, notamment en Belgique ou en Allemagne, où les jeunes manifestent par milliers parfois, de façon hebdomadaire.
«Nous faisons grève pour dire à nos gouvernements de faire leurs devoirs et de nous montrer des preuves!», dit l’appel publié sur Facebook. A savoir des preuves que le monde prend les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement à un maximum de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, comme prévu par l’Accord de Paris.
– Plainte pour «inaction climatique» –
L’initiative des jeunes n’a pas été du goût de certains enseignants et politiques.
«Quitter l’école pendant des heures pour protester n’est pas quelque chose que nous devrions encourager pour les étudiants», a par exemple dit le ministre australien de l’Education, Dan Tehan, sur une radio publique. «Surtout quand il y sont encouragés par des activistes politiques verts».
A l’inverse, les jeunes manifestants néo-zélandais avaient reçu le soutien de leur Première ministre, Jacinda Ardern. «Ne sous-estimez pas le pouvoir de votre voix», a dit la travailliste de 38 ans à des étudiants cette semaine au Parlement. «Trop souvent, nous affirmons qu’il faut être en âge de voter pour avoir une influence. Ce n’est pas le cas», a-t-elle assuré.
«Emmenez avec vous autant de gens que vous le pouvez parce que nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs seuls», avait-elle ajouté dans un communiqué.
Plusieurs maires de l’alliance C40 des grandes villes pour le climat, comme Paris et Milan, ont apporté leur soutien aux jeunes.
Cette mobilisation des jeunes s’inscrit aussi dans un mouvement citoyen plus large pour le climat, avec des actions de désobéissance civile ou des recours en justice comme la plainte pour «inaction climatique» qui a été déposée jeudi à Paris contre l’Etat français par quatre ONG soutenues par plus de 2 millions de pétitionnaires.
AFP