Dans cinq questions à la MAP, le ministre belge des Affaires étrangères explique les contraintes liées à ce rapatriement et annonce de bonnes nouvelles qui interviendront dans « les tout prochains jours », grâce au « dialogue positif et constructif » avec les autorités marocaines.
Est-ce que vous pouvez situer le cadre général des relations entre le Maroc et la Belgique dans ce contexte particulier de la pandémie du Coronavirus ?
Je veux d’abord souligner l’excellente qualité des relations entre la Belgique et le Maroc. C’est un élément que je souhaite mettre en avant premièrement.
Deuxième élément c’est que cette crise est marquée par beaucoup d’événements et nous sommes confrontés dans nos pays respectifs à la difficulté de gérer le coronavirus. C’est donc une crise qui revêt un caractère international.
Le Premier élément qui atteste de la bonne qualité des relations entre nos deux pays, c’est que l’on se rappelle que le Maroc avait annoncé la fermeture de son espace aérien et que grâce au dialogue entre nos deux pays on a pu prolonger l’accès à l’espace aérien du Maroc pour pouvoir organiser des rapatriements. Nous avons pu organiser 7 vols de rapatriements depuis Marrakech et Agadir, alors que les autorités marocaines avaient annoncé la fermeture de l’espace aérien. Il y a eu donc une prolongation pour permettre ce retour et en même temps dans le nord du Maroc 18 vols ont été organisés simultanément pour faciliter le retour en Belgique.
Ensuite, il y a eu la deuxième étape qui a été assez commune à tous les pays du monde, à savoir la fermeture des espaces aériens et des aéroports, sauf pour le transport des marchandises et l’interdiction des voyages à l’étranger que beaucoup de pays ont décidé. Est intervenue ensuite une autre étape qui a permis de trouver une solution intéressante pour pouvoir organiser de nouveaux rapatriements. Tous ces éléments qui remontent à une histoire très récente attestent de la qualité de ce dialogue permanent entre la Belgique et le Maroc.
La question du rapatriement des binationaux a suscité un débat en Belgique sur ce que certains ont qualifié de « discrimination » à l’égard des belgo-marocains. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
J’ai eu l’occasion de répondre à cette question en commission des Affaires étrangères au Parlement fédéral. Evidemment, je me suis totalement inscrit en faux par rapport à cette expression là. Donc là-dessus il n’y a évidemment pas d’ambiguïté. Par rapport à cette situation nous n’avons évidemment fait aucune distinction entre les binationaux et les nationaux.
Le rapatriement des binationaux sera donc bientôt organisé ?
Je me réjouis, grâce à la qualité de nos relations tant avec mon homologue le ministre des Affaires étrangères marocain que l’ambassadeur marocain ici en poste à Bruxelles, que malgré les restrictions de voyage qui s’appliquent pour la plupart des pays du monde, on va pouvoir organiser le retour de nos nationaux qu’ils soient uniquement belges ou qu’ils aient les deux nationalités dans un contexte, faut-il le rappeler, qui s’inscrivait dans la gestion générale de la crise. Ici en Belgique on interdit les voyages à l’étranger, le Maroc fait la même chose, mais pour des raisons humanitaires et sociales on va pouvoir, avec l’aide des autorités marocaines, rapatrier les personnes selon des critères bien précis (maladie nécessitant une prise en charge en Belgique, risque de perte d’un emploi, faillite d’une entreprise etc…). Ces critères peuvent être mis en avant grâce au dialogue constructif et positif avec nos amis marocains. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler sur une liste qui sera soumise dans les tout prochains jours aux autorités marocaines.
Comment organiserez-vous concrètement cette opération ?
Il y a plusieurs éléments à prendre en considération dans cette opération. Le premier c’est qu’il fallait donner un délai raisonnable pour permettre à ceux qui souhaitaient revenir de pourvoir exprimer leur souhait et de pouvoir aussi fournir les attestations requises pour bénéficier du retour. Cette opération a pris une semaine. Nous avons reçu énormément de demandes. Nous avons renforcé depuis Bruxelles l’équipe de Rabat au niveau de l’ambassade belge pour pouvoir gérer et analyser les demandes et nous pouvons au milieu de la semaine transmettre aux autorités marocaines la liste des personnes qui rentrent dans les critères qui ont été discutés entre nous. Il appartiendra après aux autorités marocaines de valider cette liste. Je sais aussi la préoccupation des autorités marocaine pour faire en sorte que ça se passe le plus rapidement possible et pour le moment c’est au niveau de la Belgique que ça se passe puisque nous sommes en train de finaliser la présentation de la liste.
Est-ce que c’est la Belgique qui affrétera des avions pour assurer ce retour ?
Il relève des autorités belges d’organiser les vols. Nos amis marocains vont veiller à ce moment là à rouvrir leur espace aérien pour le transport des personnes. On verra aussi la localisation actuelle des demandeurs pour organiser le retour via les aéroports qui seront ouverts pour cette opération.