Bachar El Assad se dit « sauveur de la Syrie »

De temps à autres, de sa grande solitude, le président syrien Bachar El Assad apparaît sur une image en train de haranguer ses fidèles ou de leur communiquer ses certitudes, cadre méticuleusement travaillé, foules bien organisées. De temps à autres, il choisit un média, occidental de préférence, pour lui délivrer le fond de sa pensée du moment.

Par Mustapha Tossa

La posture est toujours la même. Raide dans ses convictions, surfant sur les grandes contradictions de ses adversaires. Il s’agit d’une vraie communication de guerre avec ses opportunités d’attaques et ses stratégies de réponse. Quand à titre d’exemple la France avait été frappé par le terrorisme, il s’était empressé de rappeler à l’opinion française que son pays vivait ce genre de situation depuis des années.

Lors de ses apparitions médiatiques, Bachar El Assad a le don de donner des urticaires à ses adversaires, notamment arabes et turques. Toute leur stratégique pour gérer cette crise syrienne était basée sur le départ de Bachar El Assad, sa sortie physique de la photo syrienne. Ils sont prêts à accepter n’importe quel autre visage au pouvoir à Damas, pourvu qu’ils puissent annoncer la disparition de ce symbole, synonyme de leur victoire; Presque six années plus tard, il est toujours là, en train de les narguer, de leur envoyer l’image de leurs échecs. Bachar El Assad semble tenir devant le rouleau compresseur régional et international qui voulait démanteler son régime grâce à deux facteurs essentielles. Le premier est sa capacité à s’être forgé une carapace politique et militaire personnelle qui a empêché les coups d’état et les poignards dans le dos malgré les nombreuses défections.

Le second facteur est l’engagement de Vladimir Poutine auprès de Bachar El Assad. L’aide russe conjuguée aux soutiens chroniques des iraniens, a permis au président syrien de maintenir la tête hors du goulot. Il est tout aussi vrai que Moscou et Téhéran ont largement bénéficié de la grande hésitation américaine sur la Syrie pour installer leurs agendas. Mais il est tout aussi vrai que la fulgurante progression d’une organisation terroriste comme Daesh qui s’impose à tous comme la seule alternative au régime syrien a provoqué le grand processus, sinon de ré-légitimation du moins du maintien de Bachar El Assad dans le processus politique transitoire. Aujourd’hui, même si des pays comme si l’Arabie Saoudite et la Turquie font actuellement miroiter l’hypothèse d’une intervention terrestre, Bachar El Assad se dit toujours droit dans ses bottes de" celui qui aura sauvé la Syrie" pour reprendre son expression. Bachar El Assad insiste lourdement sur cela "Dans dix ans, je veux avoir été capable de sauver la Syrie, mais cela ne signifie pas que je serai encore président (…) La Syrie ira bien et moi je serai celui qui a sauvé son pays" (Dans dix ans) si le peuple syrien veut que je sois au pouvoir, j’y serai, et s’il ne le veut pas je n’y serai pas".

Le grand cessez le feu ou "cessation des opérations" comme préfère les nommer Bachar El Assad qui se profile à l’horizon sera un grand test sur la capacité et la determination de la communauté internationale à arrêter l’hémorragie syrienne.

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