Aubry accuse Hollande d’user de « mots de droite »

Le duel entre François Hollande et Martine Aubry se tend à trois jours du second tour de la primaire d’investiture socialiste, le premier accusant son adversaire de "caricature", la seconde dénonçant son "flou" et ses emprunts à la droite.

Le député de Corrèze, favori pour l’investiture présidentielle, et la maire de Lille se sont affrontés mercredi soir lors d’un débat sur France 2 suivi par 5,9 millions de téléspectateurs, un record pour les débats de la primaire.

Une confrontation sans heurts marquée toutefois par une stratégie plus offensive de la candidate.

Elle a notamment critiqué le "flou" du projet de François Hollande, coupable à ses yeux de représenter une "gauche molle" face à la "gauche dure" qu’elle assure incarner.

François Hollande a alors parlé de "gauche sectaire" à son endroit.

"Des mots de droite", a répliqué jeudi sur RTL Martine Aubry, qui a durci le trait contre son rival. "€a me gêne toujours quand un homme de gauche utilise les mots de la droite".

Elle a de nouveau fustigé le "flou" de l’élu de Corrèze qui selon elle "essayait de passer entre les gouttes" lors du débat.

"Ma grand-mère disait : ‘quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup’", a-t-elle lancé. "J’ai essayé de mettre le doigt sur certains de ses loups".

Invité d’Europe 1, François Hollande a poursuivi l’affrontement à distance en déplorant les "caricatures".

"Je ne veux pas tomber dans ces caricatures, il n’y a pas des ‘durs’ et des ‘mous’", a-t-il souligné. "La gauche, elle n’a ni à être sectaire ni fragile. Elle a à être tout simplement elle-même".

LE CHOIX DE MONTEBOURG

"Je ne veux pas être dans la dévalorisation. Je n’ai pas besoin moi de dénigrer, de dévaluer, de dénoncer", a-t-il insisté, précisant qu’il n’avait pas cherché "à blesser qui que ce soit" en parlant de "gauche sectaire".

"Il n’y pas ici les ‘flous’ et les ‘clairs’. Il y a ceux qui peuvent, celui qui pourra, donner un projet à la France", a-t-il déclaré.

François Hollande, sorti en tête du premier tour de la primaire avec 39,2% des voix, bénéficie des ralliements de Jean-Michel Baylet (0,6%), Manuel Valls (5,6%) et Ségolène Royal (6,9%).

Martine Aubry a recueilli 30,4% des suffrages au premier tour, dimanche dernier, mais estime que "ce n’est pas plié".

Les duellistes attendaient désormais la décision du "troisième homme" de la primaire, le député de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg (17,2%), qui conditionnait son choix – ou non-choix – au débat de mercredi soir et aux réponses des deux candidats à sa lettre ouverte sur la démondialisation.

Un article paru mercredi soir sur le site internet de Libération prête à Arnaud Montebourg l’intention de soutenir "à titre personnel" François Hollande.

Le député de Saône-et-Loire a démenti sur Twitter : "Je suis surpris qu’on me prête une décision de soutien à l’un ou l’autre des candidats, que je n’ai pas prise".

François Hollande et Martine Aubry ont précisé avoir répondu à la lettre d’Arnaud Montebourg, qui leur demande de prendre en compte ses thèmes de campagne : mise sous tutelle des banques, lutte contre la corruption, VIe République.

Dans sa réponse, diffusée jeudi par son service de presse, la maire de Lille affirme que ses convergences "ne sont pas de façade ou de circonstance" avec Arnaud Montebourg.

"Tu peux compter sur moi et j’espère pouvoir compter sur toi", écrit-elle. La réponse de François Hollande n’était pas disponible pour l’heure.

(Avec agences)

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