Antiterrorisme: la Belgique veut renforcer la coopération en Europe
Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a plaidé lundi dans un entretien à l’AFP pour un renforcement de la coopération en Europe dns la lutte contre le terrorisme, espérant un « changement de mentalité » après les attentats de Paris.
L’enquête sur les attentats qui ont fait 129 morts a mis en lumière les ramifications internationales des attentats "décidés, planifiés en Syrie, organisés en Belgique", et "perpétrés avec des complicités françaises", selon le président français François Hollande.
"Cela fait déjà plusieurs années que je plaide, dans l’Union européenne ou au sein de l’Otan, pour que l’on échange de plus en plus de renseignements entre services. J’espère qu’après tous ces attentats, ces drames, il y aura un changement de mentalité", a souhaité le chef de la diplomatie belge.
"Malheureusement très souvent, on le sait, l’Europe progresse à coup de crises. Quand il n’y a pas un drame, quand il n’y a pas une crise, on a tendance à hésiter à franchir des pas de plus dans la construction européenne", a-t-il déploré.
"Le contrôle des frontières extérieures, l’échange d’informations, y compris d’informations sensibles entre pays, ça doit se faire de plus en plus en Europe", a-t-il insisté.
Alors que la Belgique est au coeur de l’enquête, Didier Reynders compte sur la réunion d’urgence des ministres européens de l’Intérieur et de la Justice vendredi à Bruxelles pour avancer.
"J’espère qu’il y aura des mesures concrètes. Je pense à des dispositifs sur ce contrôle des frontières externes, mais aussi ces échanges de données en matière de passagers", a-t-il dit.
– ‘travailler ensemble, remonter les filières’ –
Sur l’enquête elle-même, le ministre a estimé que "la priorité, c’est une solidarité totale avec la France".
Une meilleure collaboration européenne "nous permettra de mettre fin à l’existence d’un certain nombre de cellules. On peut le faire par des enquêtes, malheureusement après que des faits aient été commis. A d’autres moments, on peut le faire de manière préventive comme nous l’avions fait au début de cette année à Verviers (est) et à Bruxelles en démantelant complètement des filières terroristes présentes sur le territoire", a souligné le ministre belge.
Mais il a estimé qu’il était impossible de "vivre dans une situation de risque zéro quand on voit ce qui se passe à travers le monde".
"Si on n’échange pas plus d’informations, si on n’est pas plus prompt à travailler ensemble, on n’arrivera pas à empêcher ce genre d’actes (…) On doit travailler ensemble et tenter de remonter les filières, démonter les organisations terroristes présentes sur le territoire", a-t-il ajouté.
"Ce que l’on doit surtout faire, c’est voir comment mieux contrôler les frontières extérieures de la zone (Schengen), et là il y a un rôle de l’UE, a estimé le chef de la diplomatie belge: "On pourra travailler à la répartition de réfugiés à travers l’Europe, mais on pourra surtout vérifier qui vient, quelles sont les personnes qui viennent, est-ce qu’il y en a qui peuvent représenter un danger ou non".
En revanche, M. Reynders "ne souhaite" pas une remise en cause de la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen.
"Je crois qu’on doit pouvoir prendre des mesures d’exception pendant des périodes limitées. Je comprends l’état d’urgence décidé en France (…) vendredi. Nous avons nous-même renforcé les contrôles aux frontières, dans les aéroports, dans les gares. Mais ça c’est temporaire".
Source AFP