Dans un post sur sa page Facebook, l’association de défense des droits des détenus politiques en Algérie a précisé que cette lourde peine a été prononcée contre Guerrache par un tribunal de Ouargla, dans le sud algérien, pour notamment « apologie du terrorisme », « incitation aux actes terroristes », « atteinte au président de la République » et « incitation à attroupement ».
Le parquet avait requis 10 ans de prison ferme contre cet activiste du hirak à Ouargla, une wilaya riche en hydrocarbures, mais c’est aussi une région où le taux de chômage des jeunes est très élevé.
Arrêté chez lui le 1er juillet 2020, M. Guerrache (31 ans), présenté comme un militant et poète, est « l’un des plus grands animateurs du mouvement de protestation à Mekhadma depuis plusieurs années », a précisé le CNLD.
Le mouvement Mekhadma tire son nom d’un quartier déshérité de la ville de Ouargla, où en juin dernier des centaines de personnes avaient protesté pacifiquement contre leurs conditions de vie ainsi que leur marginalisation et exclusion du développement local.
Le ministère algérien de la Justice avait annoncé récemment qu’un total de 59 détenus d’opinion avaient été libérés après l’annonce d’une grâce accordée par le président Tebboune le 18 février, mais, dans le même temps, les arrestations par les services de sécurités et les condamnations devant les tribunaux se poursuivent.
Au cours des derniers jours, plusieurs organisations algériennes et internationales ont exprimé leurs inquiétudes quant à la répression du droit à la liberté d’expression dans ce pays maghrébin.
Dans ce sens, un grand nombre d’eurodéputés ont interpellé le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, sur les intimidations et les abus en tous genres que subissent toujours les activistes du Hirak.
Dans une lettre adressée à M. Borell, ces eurodéputés, toutes tendances politiques confondues, affirment que plusieurs rapports d’ONG, internationales et nationales, « font état d’une répression continue des militants pacifiques » du mouvement populaire.
Selon eux, ces rapports ont dévoilé plusieurs cas de « tortures et d’abus contre les détenus d’opinion ».
Les eurodéputés estiment qu’il est « impératif » que ces violences fassent « l’objet d’une enquête indépendante » pour identifier les responsables, rappelant la récente résolution du Parlement européen « sur la détérioration de la situation des droits humains en Algérie » et qui exige le lancement d’investigations sur ces violations répétées du droit à la liberté d’expression au pays.
Parmi ces rapports figure celui du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), une organisation algérienne de défense des droits de l’Homme, qui a dénoncé le recours du pouvoir en Algérie à « la répression pour tenter d’empêcher les manifestations pacifiques ».
Le RAJ a dénoncé « le harcèlement sécuritaire et le recours à la répression et l’arrestation de dizaines de manifestants pour tenter d’empêcher les manifestations pacifiques ».
Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) avait fait état de centaines de personnes interpellées dans une vingtaine de wilayas à l’occasion du 2è anniversaire du Hirak.
Amnesty International a dénoncé, quant à elle, « une stratégie délibérée des autorités algériennes visant à écraser la dissidence ».
Il s’agit d’ »une stratégie qui vient contredire les promesses » de ces autorités en matière de respect des droits humains, a constaté Amnesty International.
De son côté, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a invité le gouvernement à continuer sur la voie du dialogue et à « immédiatement libérer tous ceux détenus pour avoir participé pacifiquement à des manifestations ».
Après un an d’arrêt, Covid-19 oblige, des milliers d’Algériens sont descendus dans la rue, vendredi dernier, marquant un retour spectaculaire des marches hebdomadaires du hirak réclamant le départ du régime et l’instauration d’un Etat de droit.