Le gouvernement a demandé jeudi à Airbus de ne pas avoir recours à des départs contraints dans le cadre de son plan social et sera « vigilant » en suivant « de très près la façon dont l’argent public sera employé ».
« L’enjeu aujourd’hui, c’est de tendre vers le zéro départ contraint », a indiqué jeudi à Colomiers, sur un site d’Airbus dans l’agglomération toulousaine, la ministre déléguée à l’Industrie Agnès Pannier-Runacher, après avoir rencontré des représentants de la direction et des syndicats.
L’avionneur européen fait face à une crise d’une ampleur inédite en raison des répercussions de la pandémie de coronavirus sur le transport aérien.
« Le deuxième enjeu, c’est de s’assurer que les jeunes ne soient pas sacrifiés en terme d’emplois. Le troisième enjeu, c’est au niveau de la sous-traitance, il faut pouvoir faire en sorte que notre base industrielle puisse être consolidée, (…) de façon à ne pas perdre de densité industrielle », a ajouté la ministre lors d’un point de presse.
Airbus a annoncé début juillet un plan de suppressions d’emplois qui menace 5.000 postes en France dont plus de 3.500 à Toulouse où le groupe et ses filiales emploient 25.000 salariés. Les sites de Saint-Nazaire (près de 600 emplois supprimés) et Nantes (près de 500) sont également touchés.
« J’ai eu une très bonne discussion avec les organisations syndicales et les dirigeants de l’entreprise » et « je crois que la direction d’Airbus est consciente que l’Etat français a pris ses responsabilités et a mis beaucoup d’argent sur la table », a-t-elle assuré, en référence au plan d’aide à l’aéronautique de 15 milliards d’euros.
« Je viens ici dans un esprit de construction mais aussi de vigilance. Je considère que grâce à l’argent public, on doit avoir des contreparties », a poursuivi la ministre, assurant vouloir « suivre de très près la façon dont l’argent public sera employé, faire en sorte que chacun autour de la table fasse un effort pour qu’ensemble on sauve la filière ».
« Je crois au dialogue social. Ma responsabilité, c’est d’être vigilante et d’accompagner ce plan », a-t-elle insisté, rappelant que « si l’Etat n’avait pas été au rendez-vous (…), il y aurait eu une hémorragie d’emplois dans l’aéronautique ».
Pour Dominique Delbouis, coordinateur FO du groupe Airbus, l’objectif de « zéro départ contraint », « c’est exactement ce qu’on demande ». « On est tout à fait satisfait » que le gouvernement reprenne cet objectif, a-t-il indiqué.
Sur le chômage longue durée, « notre revendication, c’est d’aller jusqu’à 36 mois », contre 24 actuellement, a ajouté devant la presse le responsable du premier syndicat chez Airbus. Il a fixé comme autre enjeu majeur des négociations, « tout ce qui va toucher la fiscalité sur les départs anticipés ».
Pour la CFTC également, « le véritable enjeu reste le +zéro licenciement contraint+ ».
Les syndicats espèrent que les départs anticipés, volontaires, une activité partielle longue durée et des dispositifs de formation, permettront de diminuer le périmètre du plan.
