Hollande sous le charme de l’alacrité de Bouteflika
De la visite éclair de François Hollande en Algérie, les observateurs n’auront retenu que deux choses essentielles parce que politiquement chargées : une image statique et une phrase choc. L’image statique est celle qui montre François Hollande en train de poser à côté d’un président algérien très affaibli par la maladie.
Par Mustapha Tossa
La phrase choc est celle qu’avait prononcée François Hollande lors de sa conférence de presse. Et parce qu’il devrait s’attendre à une interrogation sur la santé du président Bouteflika, François Hollande a dû tourner sa réponse dans sa tête pour qu’elle puisse ramasser avec autant d’efficacité et sa position et son analyse de la situation algérienne. Cette phrase est sortie de la bouche présidentielle comme une artillerie lourde destinée à faire taire les suspicieux: " Le président Bouteflika m’a donné l’impression d’une grande maîtrise intellectuelle et même c’est rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité".
Alacrité, le mot a surpris tout le monde ! Conscient de l’énormité de cette affirmation, le président français s’est dans la foulée défendu de toute exagération. Et pourtant, cette phrase tournée de manière à faire taire les rumeurs, était porteuse de flagornerie, de courtoisie mielleuse destinée à caresser le pouvoir algérien dans le sens du poil. Et comme pour donner chair à cette affirmation, l’ensemble de la délégation qui accompagnait Hollande dans son escapade algérienne a repris en chœur la petite musique qui tente de faire croire à l’opinion algérienne et international les exploits dont le président algérien, cloué sur une chaise roulante par un méchant AVC et subissant de lourds traitements, est encore capable.
Les médias et surtout les réseaux sociaux ont commenté avec une gourmande satire et une irrésistible moquerie le constat de Hollande sur la santé de Bouteflika. Pour nombre d’entre eux, le grand objectif de cette visite de quelques heures était de valider la capacité de Boutelflika à diriger l’Algérie et de renvoyer à leur opposition stérile ceux justement qui parmi l’opposition algérienne dénoncent la vacance du pouvoir et son incapacité à préparer une transition pacifique. Pour remplir cet objectif, François Hollande y a mis tout le tropisme algérien que lui attribue généreusement la presse française doublé d’un zeste d’opportunisme et un brin de cynisme en se disant sans doute que si quelques phrases bien placées pouvait huiler la machine à décrocher les contrats, cela ne ferait de mal à personne.