Parmi les réactions les plus parlantes, celle du Premier ministre, absent du territoire français lors de l’attentat pour cause de voyage en Amérique du Sud. Pour Manuel Valls, il s’agit d’une "guerre de civilisation". C’est dire que l’homme a eu le temps de trousser son évaluation, de tricoter son argumentaire. Une manière de dire que l’expression utilisée sur "la guerre de civilisation" qu’évoque cet attentat terroriste n’est ni un lapsus tombé à son insu au détour d’un effet de style ni une maladresse fruit d’une accélération verbale mal contrôlée. Le concept de "guerre de civilisation" a été bien pensé’ pour être lancé de cette manière à une opinion française angoissée à juste titre. Pour le premier ministre, "La lutte contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical est une guerre de civilisation que nous ne pouvons pas perdre".
Cette expression tombe vraiment mal. Comme se peut-il que le terrorisme aveugle, la décapitation froide, l’assassinat d’innocents puissent-ils faire partie d’une civilisation ? La guerre contre la Barbarie aurait été plus adéquate selon tous ceux que choque tout référentiel explosif à la civilisation.
La sortie de Manuel Valls, déjà auteur d’une saillie contestée sur l’islamo-fashisme, risque faire couler beaucoup d’encres. Elle tombe dans un contexte abrasif où sous l’effet de la peur, la parole publique se libère au point que certains pointent d’un doigt accusateur la dangereuse présence d’une cinquième colonne et appellent de leurs vœux une législation d’exception. Manuel Valls a beau affirmer ensuite que les premiers victimes de ce terrorisme aveugle sont les musulmans, dénoncer que le fameux "Bloc réactionnaire", composé du Front national de Marine Le Pen ou des Républicains de Nicolas Sarkozy, puisse exploiter la question de la peur de l’islam à des fins électoralistes, son utilisation de concept de "guerre de civilisation" brouille davantage sa propre posture.