La France et son atmosphère anxiogène
Il y une réalité qui saute aux yeux en France . Le pays est en train de vivre une atmosphère anxiogène, d’une sourde violence. De l’aveu de beaucoup, elle aura, à n’en pas douter un impact sur le morale des Français, leurs activités économies et leur capacité à garantir le vivre ensemble qui distingue leur vécu.
Par Mustapha Tossa
Son communiqué matinal avait salué la réactivité des sapeurs pompiers qui ont vu 50 de leurs éléments s’engager dans cette opération de sauvetage. Il avait précisé aussi qu’une enquête judiciaire est en cours pour déterminer les causes de l’incendie", le plus meurtrier en France depuis 2005.
Le Premier ministre Manuel Valls qui a pris l’habitude de communiquer ses positions par Twitter, a livré son état d’âme: "Incendie grave à Rouen: profonde tristesse face à la tragédie qui a fauché 13 jeunes vies. Compassion et soutien aux familles éprouvées".
Le choc provoqué par cet incendie dans l’opinion, encore convalescente après les attentats de Nice et de l’église saint Étienne de Rouvray, est à la hauteur des craintes et des angoisses de la société françaises. Elle redoute de devoir subir d’avantage d’attentats terroristes comme semble le craindre les services de sécurité français en alerte rouge depuis les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. D’ailleurs, aussi bien François Hollande que Manuel Valls ou Bernard Cazeneuve, ne ratent aucune sortie médiatique pour souligner le risque persistant de la menace terroriste. Cette stratégique peut être à double tranchant. Elle peut aussi bien viser à augmenter le niveau d’alerte et de mobilisation qu’une société visée par des menaces doit avoir, que d’installer involontairement une atmosphère anxiogène.
D’ailleurs, la décision de la maire de Lille Martine Aubry d’annuler la tenue de sa fameuse braderie annuelle, suivie par la décision d’autres villes de reporter leurs rassemblements populaires, est de nature à augmenter l’indice de peur et à favoriser une atmosphère très anxiogène. Cette décision de Martine Aubry avait relancé ce débat qui couvait en France depuis des mois: Faut-il par mesure de sécurité interdire les rassemblements populaires pour ne pas offrir aux groupes terroristes des cibles faciles par mener leurs opérations destructrices ? Ou faut-il par contre résister à la pression sécuritaire de ces groupes qui cherchent à imposer un rythme de vie fait de peurs et d’angoisse et ne rien céder sur le mode de vie qu’il cherche à saboter?.
Ce débat sur la sécurité est en train de configurer l’ensemble des préoccupations Françaises au point de devenir le point cardinal de la future campagne présidentielle dont les primaires prévues cet autonome/hiver seront un lever de rideau à la fois tendu et révélateur. Le risque naturel de cette évolution est que les partis politiques qui cherchent à donner des gages à une opinion angoissée rentrent dans une logique de compétition pour procurer à leur clientèle politique la meilleure offre sécuritaire.
Entre une droite sous la houlette de Nicolas Sarkozy qui cherche à se poser en alternative, une extrême droite incarnée par Marine Le Pen qui tente de valider à posteriori l’ensemble de son programme et une gauche au gouvernement qui cherche à expurger son image de l’angélisme et l’amateurisme que ses adversaires ont pris l’habitude de lui accoler, cette compétition acharnée pour capter l’attention et la confiance des Français finira par déplacer le curseur sécuritaire suscitant la crainte de certains qu’elle ne finira par rogner sur les libertés et mettre à mal l’état de droit.
François Hollande avait déjà eu l’occasion de tirer la sonnette d’alarme:" Face à cette menace, qui n’a jamais été aussi grande en France comme en Europe, le gouvernement fait preuve d’une détermination absolue (…) Mais je le dis clairement : restreindre nos libertés, déroger à nos règles constitutionnelles n’apporterait pas d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme et affaiblirait à coup sûr la cohésion si précieuse de notre nation (…) notre pays doit éviter les surenchères, les polémiques, les amalgames, les suspicions."