Loi travail : Myriam El Khomri reçoit Philippe Martinez

Myriam El Khomri reçoit le secrétaire général de la CGT pour la première fois depuis début mars, alors que le gouvernement affirme qu’il ne lâchera rien.

À l’heure des croissants, le rendez-vous s’annonce délicat. Myriam El Khomri, ministre du Travail, et Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, se rencontrent depuis 8 heures ce vendredi pour parler de la loi travail. L’exercice est inédit depuis début mars, mais il pourrait bien virer au dialogue de sourds, tant les positions sur ce texte semblent irréconciliables.

Myriam El Khomri, qui a défendu le projet au Sénat toute cette semaine, juge son projet « utile » pour l’emploi, les salariés et la compétitivité. Pour Philippe Martinez, qui doit trouver une porte de sortie honorable après avoir été aux avant-postes de la contestation sociale depuis mars, cette loi est un « problème ». Plus particulièrement, il dénonce les articles composant sa « colonne vertébrale » : inversion de la hiérarchie des normes, licenciement économique, référendum d’entreprise, accord de développement et médecine du travail. Lors de la rencontre, la CGT entend demander la suspension du débat parlementaire, après avoir longtemps réclamé le retrait pur et simple. Elle a l’opinion publique pour elle : plus de six Français sur dix (64 %) estiment que, « face aux mouvements sociaux », le gouvernement « doit retirer » le projet de loi travail, selon un sondage Tilder-LCI-OpinionWay.

Mais la ministre a opposé dès jeudi une fin de non-recevoir à toute suspension. Et « pas question » non plus de « rouvrir la négociation ». Le Premier ministre, a affirmé Myriam El Khomri, « l’a rappelé à juste titre : le texte actuel est le produit d’un vrai compromis avec des organisations syndicales ».

La CGT refuse d’être enfermée dans un rôle de syndicat uniquement contestataire. « On va remettre nos propositions. On va faire le point », a déclaré Philippe Martinez à son arrivée. Il était accompagné de Catherine Perret, secrétaire nationale de la CGT, et de Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral. Interrogé pour savoir s’il s’agissait de retrouvailles avec la ministre, il a répondu : « On peut dire ça comme ça. Nous, on est toujours constructifs. »

La CGT va faire des propositions à la ministre sur les cinq articles qui cristallisent les critiques des opposants à la loi (CGT, FO, Solidaires, Unsa, Unef, Fidl et UNL). « Nous allons porter des propositions qui permettent que la loi soit bien un socle de droits pour l’ensemble des salariés. Ces propositions vont renforcer le rôle de la branche professionnelle », a précisé Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral, qui participera à la réunion.

L’article 2, consacrant la primauté des accords d’entreprise sur la branche, sera au centre de la discussion. Le Sénat à majorité de droite a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi cet article 2 en le durcissant, en particulier en revenant sur la semaine de 35 heures. Cet article « ira jusqu’au bout », avait prévenu Manuel Valls.

La ministre du Travail relativise la rencontre de vendredi : « Je reçois Philippe Martinez comme j’ai reçu les derniers jours tous les leaders des organisations syndicales. Je tiens à maintenir le dialogue avec toutes les confédérations professionnelles et syndicales », a-t-elle rappelé. Depuis début juin, elle a rencontré les leaders de la CFDT, FO, la CFTC, l’Unsa et la CFE-CGC.

Avec AFP

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