Les positions des groupes parlementaires de la majorité et de l’opposition à la Chambre des conseillers divergent sur le bilan d’étape de l’action du gouvernement, comme en témoignent leurs interventions, mercredi, dans le cadre de la séance plénière consacrée à ce sujet.
Ainsi, alors que les groupes de la majorité ont salué le bilan d’étape du gouvernement, l’opposition a, quant à elle, critiqué le manque de créativité de l’exécutif dans la recherche de solutions appropriées à un certain nombre de problèmes, notamment dans les domaines économique et social.
A cet égard, le groupe Justice et Développement a qualifié le bilan du gouvernement de « très honorable », ayant permis au Maroc de réussir de nombreux paris et de procéder à la poursuite et au lancement d’importantes réformes structurelles, saluant ainsi les réalisations du gouvernement en matière de soutien de la protection sociale et de la cohésion à travers l’accroissement du nombre de bénéficiaires des programmes d’aide sociale, la création d’un système de ciblage des bénéficiaires d’aide ainsi que la mise en place d’un registre social unique et d’un registre national de la population.
Sur le plan économique, le groupe a salué un certain nombre de réalisations majeures, dont, l’adoption de réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires, la mise en œuvre de la réforme globale des centres régionaux d’investissement, et la mobilisation de l’investissement national pour atteindre environ 34% du produit intérieur brut.
De son côté, et après avoir évoqué un ensemble d’initiatives gouvernementales dans les domaines économique et social, le groupe Haraki a souligné qu’en vertu de la critique constructive, le bilan, malgré des efforts appréciés, n’a pas été à la hauteur des attentes dans le domaine de la justice et de l’équité spatiale, ce qui se manifeste par la poursuite de la centralisation des investissements publics et privés dans certaines régions.
Le groupe a estimé que les réformes en matière sociale n’étaient pas encadrées par une vision cohérente au moment où l’approche sectorielle adoptée est restée dominée par la logique de cohésion et de réduction de la vulnérabilité au détriment du développement et de l’équité sociale.
Pour sa part, le groupe Rassemblement National des Indépendants a mis en avant les réalisations du Royaume sous le mandat gouvernemental actuel, estimant que son bilan est « positif, distingué et honorable », car grâce à son action il a été possible de surmonter l’épreuve la plus difficile que le Maroc et le monde aient pu traverser, laquelle a épuisé les économies des pays et a eu des répercussions socio-économiques graves ayant grandement affecté les performances économiques mondiales.
A cet égard, le groupe a rappelé les multiples mesures prises par le gouvernement, qui se comptent à plus de 400, à travers les mécanismes du Comité de veille économique.
De son côté, le groupe Socialiste a noté que le Maroc a enregistré des acquis importants dans les domaines économique et financier, des investissements dans les infrastructures de base, en plus de l’inauguration de grands projets de développement économique, soulignant que la pandémie de Covid-19 a eu des répercussions majeures sur le rythme de développement et de création d’emplois.
Par ailleurs, le groupe a constaté que la question sociale souffre encore de multiples failles, qu’elles soient liées à la répartition équitable des richesses ou aux inégalités socio-spatiales, à la pauvreté et au taux de chômage, notamment chez les jeunes, notant que le système de santé souffre toujours d’un grand déficit des structures hospitalières et des ressources humaines en termes de médecins, infirmiers et techniciens, malgré l’interaction du gouvernement avec la demande d’accroissement du budget qui lui est alloué et de l’emploi dans le secteur.
Dans le même contexte et après avoir salué les efforts du gouvernement dans les domaines économiques et sa réussite dans la gestion de la crise sanitaire, le groupe de la Confédération générale des entreprises du Maroc a soulevé un certain nombre de questions qui concernent les entreprises comme soubassement du tissu économique national et source majeure de création de richesses et d’emplois.
Malgré l’amélioration de la position du Maroc dans l’indice de la facilité de faire des affaires, un examen approfondi de la réalité d’aujourd’hui révèle que cet indice n’a pas été reflété dans la réalité de l’investissement et de la croissance économique ces dernières années, a souligné le groupe de la CGEM, expliquant que les taux de croissance sont restés modestes et loin des objectifs qui ont été soulignés dans le programme du gouvernement.
Pour sa part, le Groupe constitutionnel démocratique et social a salué l’interaction du Chef du gouvernement avec le Parlement à travers des sessions mensuelles consacrées à la discussion des questions de la politique générale, ainsi que des présentations des bilans d’étape de l’action gouvernementale.
Cette interaction et communication est une consécration d’une pratique démocratique, qui renforce le principe de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes et consolide l’État des institutions, a-t-il également souligné.
Le groupe a également salué le contenu de ce bilan d’étape du gouvernement, qui a honoré près de 98% de ses engagements et procédures.
D’autre part, le groupe Authenticité et Modernité (opposition) s’est félicité des success stories réalisées au cours des dix dernières années au Maroc, dont la plus récente concerne les efforts déployés pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et administrer des vaccins.
Cependant, le groupe a noté que plusieurs mécanismes constitutionnels étaient à la disposition du gouvernement pour réaliser son programme, regrettant que leur saisie aurait conduit à davantage de réussite.
Le groupe d’opposition a également évoqué certains échecs, notamment en ce qui concerne la dette et le taux de croissance, précisant que le gouvernement s’était engagé à atteindre un taux de croissance annuel de 5,5%, au lieu de 1,7 enregistré ces quatre dernières années.
De son côté, le groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme a relevé qu’il aurait été plus approprié que le gouvernement ait la vertu d’autocritique pour reconnaître son incapacité de trouver des solutions aux problèmes des citoyens.
De nombreux mémorandums et revendications ont été présentés, sans qu’elles suscitent l’attention du gouvernement, a-t-il rappelé, notant que l’objectif derrière ces mémorandums était la révision de plusieurs déséquilibres et choix stratégiques, dont notamment le renforcement des rôles sociaux de l’État et l’assurance d’une autosuffisance en ressources et services vitaux.
Le groupe Istiqlalien a également évoqué, dans ce contexte, de nombreuses mesures et propositions, visant à faire face aux prix élevés et à protéger le pouvoir d’achat, ainsi qu’à soutenir l’employabilité et à créer des opportunités d’emploi, notamment pour les jeunes, assurant que ces mesures n’ont pas vu l’interaction du gouvernement, d’où la différence entre les engagements du gouvernement et la réalité.
Pour sa part, le groupe de l’Union Marocain du Travail a estimé que la dimension sociale n’était pas présente au cœur des politiques publiques du gouvernement, arguant à cet égard que des mesures sporadiques ont été adoptés, telles que l’augmentation relative et limitée de certains budgets, ainsi que quelques programmes sociaux qui restent isolés et manquent de convergence et d’efficacité, sans pouvoir lutter contre la vulnérabilité.
Le bilan du gouvernement dans le domaine du dialogue social reste faible, que ce soit au niveau de l’institutionnalisation ou des résultats, a-t-il affirmé, expliquant que plusieurs dossiers urgents sont restés en suspens sans éveiller l’intérêt politique pour mettre en œuvre l’approche participative.
Dans ce contexte, le groupe a critiqué l’approche « unilatérale » adoptée par le gouvernement lors de l’élaboration des lois sociales et sociétales les plus importantes.
Quant au groupe de la Confédération démocratique du travail, il a regretté que « le gouvernement a déployé beaucoup d’efforts pour vider le dialogue social tripartite de son contenu ».
Le gouvernement a réduit le dialogue social aux correspondances et aux réunions, a-t-il noté, précisant que la négociation collective entre les acteurs sociaux et économiques et le gouvernement a été remplacée par la consultation.