Dans un article intitulé « le nationalisme algérien entre le syndrome du héros et la doctrine de l’hostilité au Maroc », M. Boussouf a évoqué l’histoire commune entre les peuples marocain et algérien, la lutte commune pour la libération de l’Algérie sœur depuis la bataille d’Isly en 1840, ainsi que la remise d’armes marocaines à la résistance algérienne et l’engagement des résistants marocains pour la soutenir.
En revanche, poursuit-il, les Marocains se souviennent amèrement des causes de la guerre des sables dans les années 1960 du siècle dernier, des tentatives algériennes de déstabilisation du Maroc et de l’achat des consciences au sein de l’Organisation africaine et l’expulsion de 350.000 Marocains de l’Algérie à la veille d’Aïd Al-Adha en 1975, en réponse à la participation de 350.000 Marocains à la Marche Verte pour libérer le Sahara marocain du colonialisme espagnol.
Les Marocains se rappellent également, selon M. Boussouf, comment l’Algérie a adopté la nébuleuse « polisario » en tant qu' »enfant bâtard qu’elle nourrit au gaz et au pétrole du peuple algérien », ainsi que de la manière avec laquelle l’armée algérienne a dépensé des milliards de dollars pour ameuter l’opinion publique à l’intérieur des organisations et instances internationales contre l’intégrité territoriale et nationale du Maroc et acheter des armes à des mercenaires africains pour les enrôler dans une guerre d’usure par procuration contre le Maroc.
« En dépit de tout cela, Sa Majesté le Roi a tendu la main, lors de Son discours du Trône de 2019, aux dirigeants algériens afin d’écrire une nouvelle page dont les maîtres mots sont le développement sociétal des deux peuples frères et la renaissance du Maghreb arabe », a soulignant Abdellah Boussouf, indiquant que le régime du palais d’El Mouradia continue cependant de faire preuve d’hostilité, de rancune et d’insensibilisé envers son voisin de l’ouest.
Selon le secrétaire général du CCME, quiconque consulte et compare l’histoire des deux pays « s’étonnera » des détails qui font l’écart abyssal entre les deux pays et conclura que l’armée algérienne souffre du « syndrome du héros ».
Il a, à cet égard, souligné que les frontières orientales marocaines formaient, à travers l’histoire, le dernier point face à tous les envahisseurs et que les empires les plus puissants ne pouvaient les transgresser, à l’instar de l’empire ottoman, le califat fatimide et puis les armées françaises depuis 1830, date de l’occupation par la France d’une partie de l’empire ottoman qui s’appellera plus tard l’Algérie en 1962.
Ce qui signifie que l’Algérie voisine a vu plusieurs colons se succéder et remplacer un occupant par un autre, au moment où le Maroc était un État établi depuis des siècles et gouverné par des Rois et des Sultans marocains sahariens, amazighs et arabes, et dont les frontières de leurs empires ont atteint Tombouctou et le Soudan au Sud et l’Andalousie au Nord.
Ce « syndrome du héros » signifie également que lorsqu’on parle de science et de balises du savoir à travers l’histoire dans le monde arabe et islamique, la liste ne se limite pas aux écoles de Basra, Kufa, Damas et aux universités d’Al-Azhar Charif, Ez-zitouna et Al Quaraouiyine, en l’absence de signe scientifique ou référentiel propre à l’Algérie, autre le fait qu’elle a été tout au long de l’histoire une station de repos pour les armées, les pirates et autres, ce qui augmente la haine de ses militaires et approfondit le complexe du héros chez eux.
Afin de contourner ce complexe historique, l’armée algérienne a trouvé sa réponse en « l’Emir Abdelkader » et fait de son personnage « le héros historique », mais en dissimulant quelques réalités sur le parcours de ce héros algérien qui a fait du Maroc un refuge en demandant la protection après chaque défaite militaire.
Parmi les réalités effacées par l’écrivain de l’histoire militaire en Algérie, le fait que la protection de l’Emir Abdelkader a coûté cher au Maroc et coûté le sang des Marocains qui avaient participé à la « bataille d’Isli » en 1840, à une époque où le Maroc n’y était pas suffisamment préparé, ce qui a entraîné le pays dans un cercle de crédits et d’amendes de guerre, tandis que le « héros algérien » choisira de vivre dans son exil « luxueux » avec ses compagnons et ses proches, d’abord dans les palais de France puis dans les palais de l’Est, laissant le peuple algérien affronter son sort seul face au colon français.
L’admiration de l’armée des voisins pour le « héros symbolique » les a poussés à tisser des histoires de gloires mythiques autour de « l’Emir Abdelkader », alors que de nombreuses études historiques ont prouvé le contraire, étant donné qu’il n’a pas vécu les contraintes de l’exil, a partagé la joie des Rois et responsables de la France et était un invité privilégié dans leurs palais.
Comment alors qualifier cette situation d' »exil » alors qu’il errait librement entre Istanbul, Paris, Londres, l’Italie, Damas et l’Égypte? Il a même mérité été décoré par le palais français à l’issue d’un processus décisif de médiation dans un conflit sanglant entre les sectes « druze » et « maronite », qu’il mena en 1860 en accueillant des chrétiens dans son palais de Damas.
Parmi les nombreuses réalités historiques cachées par les auteurs algériens de l’histoire militairet, Abdellah Boussouf cite le pouvoir de l’Émir Abdelkader qui n’englobait pas toute l’Algérie actuelle. En fait, seules certaines régions du Nord-Est étaient sous son contrôle. C’est ce « syndrome du héros » qui a poussé l’armée algérienne à rapatrier les restes de sa dépouille de sa tombe à Damas pour célébrer l’indépendance.
Selon le même auteur, l’histoire du héros de l’Algérie a coïncidé avec l’apogée du nassérisme et la propagation du nationalisme arabe dans les années 1960. Il était alors impératif pour le régime militaire algérien de fabriquer un héros qui surpasserait Nasser et qui porterait le titre supplémentaire d' »Emir ». C’est le même mode de pensée qui a produit a posteriori le mythe du million de martyrs. Le destin, cependant, réserve toujours de mauvaises surprises à ces « dramaturges », puisqu’il a été révélé que même ce héros légendaire a des origines marocaines puisqu’il appartient génétiquement à une ancienne famille de Fès.
Si le Maroc lutte chaque jour contre la pauvreté, le chômage et l’ignorance, améliore les programmes de développement social et économique, défend ses constantes nationales et territoriales, promeut la démocratie et la bonne gouvernance, travaille dur pour protéger ses frontières souveraines terrestres, aériennes et maritimes, le régime militaire du Palais d’El Mouradia acquiert sa légitimité uniquement par des tentatives continues d’isoler le Maroc de son environnement régional, de l’impliquer dans des conflits fortuits, d’après M. Boussouf.
En outre, toutes les tentatives de pénétrer les frontières sud du Maroc en quête d’un accès à l’Océan atlantique sont longtemps restées impossibles même pour les empires les plus puissants, conclut-il.