Partie de la place de la Liberté, la marée de manifestants a cheminé sur quelques kilomètres, au son des vuvuzelas, jusqu’à la Bourse du travail, au coeur de la capitale malienne, où des dirigeants de l’opposition ont pris la parole.
Le cortège s’est ensuite dispersé sans incident.
Le 2 juin, les forces de l’ordre avaient dispersé à coups de gaz lacrymogène et de matraque des rassemblements de l’opposition, interdits par les autorités, faisant quelque 25 blessés.
"Il y a au bas mot 300.000 manifestants dans les rues de Bamako pour dire +non aux dérives du pouvoir+, a déclaré à l’AFP un membre de l’opposition, l’ancien ministre Djiguiba Keïta, alors que selon les médias locaux, les manifestants étaient entre 10.000 et 20.000.
"Nous avons manifesté pour effectivement réclamer des élections transparentes et un accès équitable aux médias d’Etat, mais aussi pour dénoncer la gouvernance actuelle", a déclaré à l’AFP le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé.
M. Cissé, 68 ans, battu au second tour en 2013, fait partie de la quinzaine de candidats déclarés qui affronteront le 29 juillet le président Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, en lice pour un second mandat.
Cette fois, après une réunion de "décrispation" entre majorité et opposition chapeautée par l’ONU et l’Union africaine, la marche de la "Coalition pour l’alternance" avait été autorisée par le gouverneur de Bamako.
"Non à la fraude !", "Non à la mascarade électorale", "Mêmes droits pour tous à la radio et à la télévision nationale", pouvait-on lire sur des pancartes et banderoles des manifestants, dont beaucoup portaient des drapeaux aux couleurs nationales.
"La marche n’est plus seulement pour réclamer des élections transparentes et un égal accès aux médias publics. C’est aussi pour dénoncer l’impopularité du régime, la vie chère, la corruption", expliquait un fonctionnaire de 51 ans, Mahamane Touré.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Malgré un accord de paix signé en mai-juin 2015, les violences ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.
La campagne officielle pour la présidentielle doit débuter le 7 juillet.