"Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations", a-t-il dit, avant de quitter Washington vendredi matin. "Que ça vous plaise ou non, ce n’est peut-être pas politiquement correct, mais nous avons un monde à connaître". La Russie avait été exclue après l’annexion de la Crimée, après 16 ans d’appartenance au groupe.
Le dirigeant américain sera le dernier à arriver au sommet, à la Malbaie, pittoresque ville québécoise surplombant le Saint-Laurent, et le premier à en partir, samedi matin, signe de l’intérêt qu’il porte au club des sept économies les plus développées du monde, saint des saints de la coordination multilatérale.
Il s’est en réalité montré plus focalisé, ces dernières semaines, sur un autre sommet: celui prévu le 12 juin avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Singapour. Il s’y rendra directement depuis le Québec.
"Je partirai peut-être un peu plus tôt, ça dépend de ce qui se passe", a aussi lâché M. Trump.
Attendu de pied ferme à La Malbaie par les six autres dirigeants, il a annoncé qu’il n’entendait aucunement fléchir.
"L’Union européenne nous traite très mal, le Canada, très mal", a-t-il dit à Washington.
Sur Twitter, il a répliqué vertement au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui avec le président français Emmanuel Macron, en visite au Canada depuis mercredi, a ouvertement critiqué le repli protectionniste de l’Américain.
"Merci de dire au Premier ministre Trudeau et au président Macron qu’ils imposent aux Etats-Unis des taxes massives et créent des barrières non-tarifaires", a-t-il tweeté.
"Quand tout sera remis à plat, nous serons de nouveau amoureux", a ironisé Donald Trump, qui ne verra que MM. Trudeau et Macron en tête-à-tête au cours de son séjour canadien.
Front européen
Justin Trudeau accueillera ses homologues à partir de 11H45 (15H45 GMT).
Mais les quatre Européens – Emmanuel Macron, Angela Merkel, Theresa May et Giuseppe Conte – ont décidé de se réunir juste avant le début, afin de présenter un front commun.
L’objectif, selon le président français, n’est plus de convaincre M. Trump de revenir sur ses taxes sur l’acier et l’aluminium.
"M. Trump met en application ses engagements de campagne, il y a un caractère prévisible", a dit Emmanuel Macron. Mais il entend persuader le dirigeant que "la guerre commerciale n’est bonne pour personne".
"Je suis convaincu que l’Europe tiendra son unité et la tiendra dans la durée sur ces sujets", a-t-il affirmé.
Reste à savoir jusqu’où iront le Japon, qui tente par ailleurs de ne pas être marginalisé dans les négociations entre Washington et la Corée du Nord, ainsi que le nouveau gouvernement italien populiste et l’Allemagne, plus exposées aux représailles commerciales que d’autres Européens.
Déclaration finale ?
Ottawa croit toujours possible d’élaborer un consensus sur trois thèmes: la pollution plastique des océans, l’éducation des filles, et la lutte contre les ingérences étrangères dans les processus démocratiques.
Mais c’est le commerce qui occupera véritablement les débats.
L’Union européenne a déposé une plainte contre les Etats-Unis devant l’Organisation mondiale du commerce, et préparé des droits de douanes contre des produits américains comme le bourbon, le beurre de cacahuète ou les motos.
Mais ces représailles ne sont pas encore entrées en vigueur, les Etats membres devant s’entendre sur la liste… or l’Allemagne pourrait préférer la prudence, craignant que Donald Trump ne surtaxe prochainement les automobiles étrangères.
Vendredi, après les habituels déjeuner de travail, photo de famille, séances de groupe et rencontres bilatérales, les sept dirigeants dîneront dans l’intimité d’un chalet québécois typique.
Une centaine de manifestants anti-capitalistes et anti-police ont tenté vendredi de bloquer une autoroute à la sortie de Québec avant l’intervention des forces de l’ordre. D’autres manifestations sont prévues à Québec, à 140 km de La Malbaie.
Samedi, le suspense diplomatique concernera la traditionnelle déclaration finale du sommet.
Au G7 en Italie, l’an dernier, la déclaration finale mentionnait pour la première fois l’exception américaine, en l’occurrence sur l’accord de Paris sur le climat. Depuis, au niveau ministériel, les Etats-Unis ont souvent refusé de signer un texte commun.
Si cette fois il n’y avait aucune déclaration commune, il est possible que Donald Trump s’en accommode parfaitement.