Icône de la chanson française, Juliette Gréco est morte mercredi à l’âge de 93 ans après plus de 60 années d’une carrière pendant laquelle elle a interprété les textes des plus grands, de Vian à Prévert, en passant par Aznavour et Gainsbourg.
« Juliette Gréco s’est éteinte ce mercredi 23 septembre 2020 entourée des siens dans sa tant aimée maison de Ramatuelle (sud-est de la France). Sa vie fut hors du commun », a déclaré la famille dans un texte transmis à l’AFP.
« Elle faisait encore rayonner la chanson française à 89 ans », a-t-elle ajouté. Jusqu’à l’AVC (accident vasculaire cérébral) qui l’avait frappée en 2016, année où elle a également perdu sa fille unique Laurence-Marie.
Encore tout récemment, celle qui a également triomphé à la télévision dans la série « Belphégor » en 1965, proclamait son amour inconditionnel de la chanson.
« Cela me manque terriblement. Ma raison de vivre, c’est chanter ! Chanter, c’est la totale, il y a le corps, l’instinct, la tête », déclarait-elle ainsi dans un entretien publié en juillet dans l’hebdomadaire Télérama.
« C’est une très grande dame qui s’en va », a réagi auprès de l’AFP Alexandre Baud, producteur de sa dernière tournée. « Juliette était fatiguée depuis quelques temps, mais elle avait conservé son esprit extrêmement vif comme en témoigne sa débridée interview avec Télérama ».
Née le 7 février 1927 à Montpellier, elle commence sa carrière dans l’après-guerre, dans un Paris libéré où la toute jeune femme séduit alors, par sa beauté et son esprit, les intellectuels et artistes de Saint-Germain-des-prés.
« Saint-Germain a perdu sa muse. Saint-Germain a existé par Juliette. Saint-Germain est deuil et la pleure. Je suis très triste. Juliette était une interprête plus encore qu’une chanteuse. Elle disait les poètes », a déclaré Line Renaud à l’AFP.
Beaucoup plus récemment, celle qui a survécu aux modes chante aussi Olivia Ruiz et Benjamin Biolay, ou encore Miossec, qui avait écrit sa toute dernière chanson, « Merci », présentée en 2015, année où elle entame sa tournée d’adieux.
« Je l’ai rencontrée mais je ne la connaissais pas vraiment, elle est restée pour moi une icône absolue », a commenté sur RTL la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
« Mon coup de coeur c’est évidemment la chanson +Déshabillez-moi+. Juliette Gréco fait de tout un chef d’oeuvre, elle a fait de sa vie un chef d’oeuvre et cette chanson transgressive, c’est le symbole de cette casseuse de code, de cette casseuse d’image », a-t-elle ajouté.
Un « Déshabillez-moi » qu’elle chantait encore en fêtant sur scène à Paris ses 89 ans: « Je ne devrais pas le chanter, je sais, je sais mais je vais le faire », disait-elle alors, espiègle, au Théâtre de la Ville, où elle avait créé cette chanson en 1968.
« Juliette était une très grande dame de la chanson française, iconique du Paris de Saint-Germain-des-Près. C’est une merveilleuse et fabuleuse interprète qui nous quitte », a déclaré à l’AFP la chanteuse Mireille Mathieu.
Divorcée du comédien Philippe Lemaire, père de sa fille unique, puis de l’acteur Michel Piccoli, Juliette Gréco avait épousé en 1988 son pianiste et arrangeur Gérard Jouannest, décédé en 2018.