Un premier pétrolier iranien est arrivé au Venezuela en proie à une pénurie d’essence
Le premier de cinq pétroliers envoyés par l’Iran au Venezuela pour lui fournir des carburants et apaiser la pénurie d’essence est arrivé lundi dans un port vénézuélien, une livraison qui intervient en plein regain de tensions entre Téhéran et Washington.
Le Fortune a accosté tôt lundi à El Palito, à environ 200 km à l’ouest de Caracas, une énorme raffinerie dotée d’un port.
Peu après l’arrivée du Fortune, la Marine vénézuélienne a annoncé qu’un deuxième pétrolier iranien, le Forest, avait pénétré dans les eaux territoriales vénézuéliennes. Les trois autres navires — le Petunia, le Faxon et le Clavel — doivent arriver dans les prochains jours.
Au total, les cinq pétroliers envoyés par la République islamique transportent 1,5 million de barils, selon la presse vénézuélienne.
Tant l’extraction de brut que son raffinage sont à genoux au Venezuela, pays qui traverse la pire crise économique et sociale de son histoire récente.
Si le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, il ne produit plus qu’environ 622.000 barils par jour, soit un cinquième de son volume d’il y a dix ans, selon l’Opep.
Le gouvernement de Nicolas Maduro estime que les sanctions américaines sont responsables de cette situation. Des experts et l’opposition autour de son chef de file Juan Guaido l’attribuent à des choix politiques erronés, au manque d’investissement et à la corruption.
Cet effondrement s’est largement répercuté sur la distribution de carburants. Depuis un peu plus de deux mois, une très grave pénurie sévit dans tout le pays, au moment même où le Venezuela est soumis à un confinement quasi total censé juguler la propagation du coronavirus.
« Conséquences » et « inquiétude »
A Caracas, d’ordinaire épargnée par les pénuries d’essence, des files d’attente kilométriques se sont formées devant les stations-service.
Sur le marché noir, le litre se vend jusqu’à trois dollars. Un prix astronomique au regard de la quasi gratuité de l’essence à la pompe assurée par le monopole d’Etat.
Osvaldo Rodriguez, étudiant de 22 ans, campe ainsi dans sa voiture dans l’attente d’un hypothétique approvisionnement de la station-service la plus proche en super.
Il dit craindre que les carburants iraniens ne soient vendus aux Vénézuéliens « au même prix qu’à l’étranger », sombre perspective dans un pays où le salaire minimum équivaut à 4,6 dollars par mois.
Les carburants iraniens vont donner « un peu d’air » à Nicolas Maduro « pendant un mois », mais ils ne vont pas « régler la très grave » pénurie, prévient l’analyste vénézuélien Luis Oliveros.
Les livraisons de l’Iran de carburant au Venezuela interviennent en plein regain de tension entre Téhéran, allié de Nicolas Maduro, et Washington.
L’Iran a mis en garde ces derniers jours contre des « conséquences » si les Etats-Unis empêchaient ses livraisons au Venezuela.
L’amiral Craig Faller, qui dirige le commandement Sud des Etats-Unis dans les Caraïbes, a déclaré que Washington suivait « avec inquiétude » les actions de l’Iran concernant le Venezuela, sans s’exprimer spécifiquement sur les pétroliers iraniens.
Washington, qui qualifie Nicolas Maduro de « dictateur » et souhaite sa chute, a imposé des sanctions sur les exportations de brut du Venezuela et de l’Iran, ainsi qu’à l’encontre de nombreux responsables gouvernementaux et militaires des deux pays.
L’Iran a manifesté de nombreuses fois son appui à Nicolas Maduro, qui est aussi soutenu par la Russie, la Chine et Cuba.
Les étroites relations entre Caracas et Téhéran datent de l’époque du défunt président Hugo Chavez (1999-2013), mentor et prédécesseur de Nicolas Maduro.