Israël expulse les militants humanitaires arrêtés lors de l’assaut meurtrier
Sous le feu des critiques de la communauté internationale, le cabinet de sécurité israélien réuni depuis hier, a décidé de reconduire à la frontière et dans un délai de 48 heures tous les ressortissants qui étaient à bord de la flottille d’aide internationale, prise d’assaut par des commandos israéliens lundi. 250 militants sont en cours d’expulsion ce mercredi.
La situation est beaucoup plus complexe pour la Turquie dont 380 ressortissants figuraient parmi les passagers de la flottille. Soixante d’entre eux ont quitté la prison de Beersheva dans la nuit pour rejoindre l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv où des vols spéciaux ont été affrétés pour leur rapatriement.
Ces rotations ont permis à un premier groupe de gagner l’aéroport d’Istanbul. Les dernières opérations s’effectueront jeudi. En outre, la Turquie va dépêcher trois avions médicalisés pour rapatrier 20 de ses ressortissants blessés au cours du raid à bord du ferry turc Mavi Marmara, qui s’est soldé par la mort de 4 passagers turcs. 48 de leurs compatriotes sont toujours hospitalisés en Israël, selon les médias israéliens.
En France le gouvernement a exigé hier « la libération immédiate » des neuf Français détenus en Israël et de tous les civils ayant participé à la flottille pour Gaza. L’un d’eux, Youssef Benderbal, responsable de la communication du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP), a pu regagner Paris mardi matin.
Dans une interview à RTL, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a indiqué que le retour en France de ses compagnons était imminent. Il s’est par ailleurs prononcé pour une enquête internationale « crédible et rapide (…) c’est seulement après enquête qu’il conviendra de se prononcer sur des sanctions ».
Qualifiant l’abordage de « très grave erreur », Bernard Kouchner s’est abstenu de critiquer explicitement le Premier ministre israélien et s’est interrogé sur la vocation humanitaire de la flottille: «l’humanitaire était discutable dans ces conditions », estime le ministre français des affaires étrangères.
De nombreuses manifestations ont eu lieu en France à l’appel de plusieurs collectifs pro-palestiniens, des milliers de personnes sont descendues à Paris, Strasbourg, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse et Montpellier pour protester contre l’assaut israélien et le blocus imposé à la population de la bande de Gaza.
Sur le front diplomatique, le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas a fait savoir qu’il demanderait au président américain Barak Obama « des décisions courageuses pour changer la face » du Proche-Orient, lors de leur rencontre prévue le 9 juin à la Maison Blanche.
M. Abbas qui reçoit ce mercredi l’émissaire américain George Mitchell pour une réunion préparatoire, a qualifié de «terrorisme d’Etat » le raid ayant coûté la vie à 9 personnes.
Les Etats-Unis se sont alignés sur la position de l’ONU en appuyant la condamnation «des actes » à l’origine de « la tragédie », tout en se refusant de critiquer ouvertement Israël. La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a toutefois jugé que « la situation à Gaza était inacceptable et ne pouvait pas durer ».