En effet, en dépit d’un tant soit peu d’évolution en termes de coopération économique intermaghrébine, celle-ci demeure toutefois tributaire du bon vouloir des heurs et malheurs de la politique et de ses tribulations.
A en croire la dernière édition de l’indice de l’intégration régionale en Afrique, publiée par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA-ONU), la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission de l’Union africaine (CUA), l’UMA est « modérément intégrée », tandis que le Maroc est le pays africain le plus intégré dans le domaine macroéconomique se positionnant loin devant le second du classement.
Ceci expliquant certainement cela, les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont pu atteindre les 10% en termes de commerce intra-régional et 19% entre ceux de la SADC. L’UMA stagne, quant à elle, à moins de 3% en la matière.
Cette stagnation a pourtant été maintes fois mise en cause par le Roi Mohammed VI dans Ses discours, notamment celui devant les participants au 28ème sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, où le Souverain avait regretté que la flamme de l’UMA se soit éteinte « parce que la foi dans un intérêt commun a disparu ».
Aussi, dans Son discours au premier Sommet arabo-européen, le Roi avait appelé l’UMA à jouer pleinement le rôle qui lui revient dans « le développement de nos relations avec le partenaire européen, en dépassant les écueils politiques et les différends bilatéraux qui entravent le processus de décollage et de développement ».
Ces écueils, tributaires dans le cas d’espèce de la tension qui marque les relations entre le Maroc et l’Algérie en raison de la position hostile et anachronique du régime algérien à l’égard du Sahara marocain, ont été également pointés du doigt lors des derniers discours du Souverain.
En effet, le Roi Mohammed VI avait, à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche Verte, appelé l’Algérie à un « dialogue direct et franc » et avait proposé, à cet effet, la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation dont le niveau de représentation, le format et la nature « sont à convenir d’un commun accord », et qui « devra s’engager à examiner toutes les questions bilatérales avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi ».
Cette initiative royale a été par la suite saluée par le Secrétariat général de l’UMA qui avait indiqué, dans un communiqué, avoir suivi avec intérêt ce discours et particulièrement les éléments analysant les relations entre les grands voisins que sont le Maroc et l’Algérie, la volonté d’ouvrir une nouvelle page et la « proposition d’un mécanisme conjoint de dialogue autour des questions en suspens dans le but de surmonter les différends, ouvrir les frontières et créer une dynamique qui facilitera la coopération, la complémentarité et l’intégration dans le cadre de l’UMA ».
Par ailleurs, le secrétariat de l’UMA avait, subséquemment à ce discours, exprimé son souhait de voir les « frères interagir positivement avec cette initiative audacieuse » pour donner une nouvelle impulsion à l’action maghrébine commune afin de réaliser un développement global durable, qui garantira une vie digne aux peuples, de l’emploi aux jeunes et qui immunisera ces derniers contre les dangers de l’extrémisme et du terrorisme, tout en faisant d’eux des éléments constructifs pour un avenir maghrébin meilleur et pérenne.
Toujours sur le plan de l’intégration économique, le Maghreb arabe demeure aujourd’hui la zone la plus faible. Une situation qui fait perdre annuellement à chacun de ses pays 2% du taux de croissance et affecte de 34% le PNB.