Virus/Algérie : des médecins soulignent un manque de moyens

Le rapatriement d’Algériens de France, un des pays les plus touchés par le Covid-19, fait craindre une propagation rapide du virus en Algérie, aucune obligation d’auto-confinement n’étant imposée à leur retour et les hôpitaux ne disposant que de quelques centaines de lits de réanimation.

Quatre décès ont été enregistrés jusqu’à présent en Algérie en raison de la pandémie, selon le ministère de la Santé. A ce jour, 60 cas de Covid-19 ont été confirmés sur le sol algérien, avec six nouveaux patients recensés lundi.

Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a ordonné dimanche la suspension temporaire à partir de mardi de toutes les liaisons aériennes et maritimes entre l’Algérie et la France, une mesure étendue lundi à l’ensemble des pays européens à compter de jeudi.

« Après les mesures de restriction des voyages par avion et bateaux avec l’Europe, la deuxième mesure qui doit être prise en urgence, c’est d’exiger de tous les Algériens et étrangers venant d’un pays européen, ou d’un autre pays où la pandémie sévit, de s’isoler chez eux pendant 14 jours », préconise le professeur Farid Cherbal, chercheur en génétique moléculaire à l’Université de Bab Ezzouar (Alger).

« Cela permettra de stopper la dissémination de l’infection à partir des sujets contaminés et des sujets porteurs non identifiés », plaide le généticien algérien.

Mais pour le président de l’Ordre des médecins, le docteur Berkani Bekkat, spécialiste des maladies respiratoires, l’auto-confinement est presque impossible car il est difficile de contrôler les gens chez eux.

Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a promis lundi, sur les ondes de la radio publique, que « toutes les possibilités de riposte » contre le coronavirus « peuvent être envisagées », précisant que le pays disposait de plus de 400 lits de réanimation.

Mais, « il n’y a pas suffisamment de lits en réanimation pour faire face à une grande vague de malades », estime Samia, médecin urgentiste dans un hôpital d’Alger.

« Je ne sais pas comment on fera face et si on devra choisir entre les malades comme en Italie. Heureusement, notre population est majoritairement jeune », observe-t-elle. 54% de la population algérienne a moins de 30 ans.

L’urgentiste s’inquiète du manque de structures à même d’accueillir les personnes infectées en cas de propagation rapide, surtout en l’absence d’auto-confinement des personnes venant de l’étranger.

« Même si sur 100 passagers il n’y en a que deux qui sont infectés, imaginez le nombre de cas si chacun des deux se rend à un mariage ou à la mosquée et contamine plusieurs autres qui à leur tour en contaminent d’autres », s’interroge Samia, qui préfère ne pas donner son nom de famille.

Décisions radicales

Le dernier décès enregistré en Algérie est celui d’une femme de 84 ans qui est décédée à Blida, près d’Alger, le foyer principal de la pandémie, où une famille entière a été contaminée par un ressortissant algérien et sa fille venus de France pour un mariage.

Pour les professionnels de la santé interrogés par l’AFP, il faut désormais prendre des « décisions radicales » et interdire tous les types de rassemblements.

« Le langage au plus haut niveau de l’Etat doit être tranchant et décisif sans pour cela qu’il y ait de la panique », martèle le docteur Bekkat.

Ce dernier plaide pour l’interdiction des mariages et la fermeture des discothèques et salles de jeu dans tout le pays.

La traçabilité des sujets infectés à l’étranger est déterminante pour contenir la propagation en Algérie à travers leur histoire de séjours là où sévit la pandémie, selon le professeur Cherbal.

« Les analyses du génome vont aider à suivre les mouvements du coronavirus chez les sujets infectés. Les mutations qui surviennent peuvent révéler des liens entre les épidémies du coronavirus qui affectent différents pays », souligne le généticien.

 

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